"Bientôt la réunification!": face à Taïwan, des touristes chinois optimistes
Sur une dalle rocheuse dominant la mer, des grappes de touristes chinois prennent des photos et pointent leurs jumelles en direction de l'île de Taïwan, à plus de cent kilomètres des côtes.
Taipei accuse Pékin d'avoir lancé cette semaine ses plus grandes manœuvres maritimes depuis des années, en déployant près de 60 navires de guerre et 30 patrouilleurs entre les îles du sud du Japon et la mer de Chine méridionale.
Contrairement aux dernières manœuvres militaires d'envergure, la Chine est restée muette sur ces exercices.
Sur l'île pittoresque de Pingtan, territoire chinois le plus proche de l'île principale de Taïwan, les visiteurs semblent plus intéressés par leurs selfies que par les manœuvres militaires en cours.
"Bientôt la réunification!", crient pourtant en choeur les touristes, posant devant l'objectif.
"Nous espérons une unification rapide, mais cela dépend de la volonté des peuples des deux côtés du détroit", affirme à l'AFP un touriste nommé Hu, originaire de la province orientale du Jiangsu.
"Il n'y a qu'une seule Chine", ajoute-t-il.
Depuis la fuite des nationalistes chinois en 1949 sur l'ancienne colonie japonaise, Pékin affirme que Taïwan fait partie de son territoire et n'exclut pas de recourir à la force pour en prendre le contrôle.
Plus de 90% des Taïwanais se disent opposés à une annexion chinoise, et la majorité de la population se considère comme étant "avant tout Taïwanais", selon des sondages réguliers.
- "Pourquoi se battre?" -
Un autre touriste chinois en visite à Pingtan, M. Zhang, âgé de 70 ans, estime lui qu'une unification forcée serait rapide, mais que "les dégâts pour les populations des deux côtés du détroit seraient trop élevés".
"Nous sommes tous Chinois, alors pourquoi se battre?", ajoute M. Zhang, venu de la province du Zhejiang, près de Shanghai. "Il vaudrait mieux que tout le monde s'unisse pacifiquement".
"Nous ne craignons pas la guerre, mais nous préférons l’éviter", ajoute-t-il.
Près de la côte, des affiches de propagande sur les murs d'un complexe militaire encouragent les passants à "suivre les ordres du Parti" et à "être capables de remporter des batailles".
La rhétorique belliqueuse contraste pourtant avec l'atmosphère tranquille de l'île, où le calme des rues bordées de fils à linge n'est interrompu que par de rares passages de scooters.
Nian Mei-sheng, retraité de 74 ans, affirme qu'il a souvent aperçu des avions militaires lors des manœuvres, notamment après l'investiture en mai du président taïwanais Lai Ching-te, que Pékin qualifie de "séparatiste".
"Quand on travaillait dans les montagnes, on voyait souvent des avions passer au-dessus de nous", affirme le vieil homme à l'AFP devant sa maison.
Ce natif de Pingtan fait remarquer que le nombre de touristes taïwanais visitant l'île a fondu ces derniers temps.
"Depuis que Lai Ching-te est au pouvoir, les voyages entre Taïwan et ici ont diminué, dans les deux sens", affirme-t-il. "Nous espérons que Taïwan se réunira avec le continent... c'est notre vœu".
C. Fournier--BTZ