Notre-Dame célèbre sa première messe depuis cinq ans
Cinq ans après un incendie ravageur, Notre-Dame de Paris célèbre dimanche matin sa première messe devant un parterre de dirigeants, représentants de l'Eglise, bénévoles et personnes précaires, au lendemain de sa réouverture officielle.
Toute de rouge vêtue, une petite croix en or visible par-dessus son écharpe, Monique Kashale, venue de Kinshasa avec son époux, s'est dite "heureuse, sur le parvis, de voir la cathédrale "rénovée".
"Il y a cinq ans, j’ai beaucoup pleuré, parce qu'elle était en feu", a confié la femme âgée de 75 ans, venue "pour prier" en dépit du froid et de la pluie. "Hier, c’était pour les politiciens, mais aujourd’hui c’est pour nous, le peuple. Pour qu’on vienne dire merci au Seigneur", ajoute-t-elle.
La célèbre cathédrale située au cœur de Paris accueille sa première messe depuis l'incendie ravageur survenu en avril 2019.
Après la réouverture en mondovision samedi soir avec une cérémonie à laquelle assistaient des dizaines de chefs d'Etat - dont l'Américain Donald Trump et l'Ukrainien Volodymyr Zelensky, le public, moins nombreux, était massé près des barrières et devant les écrans géants dimanche matin pour suivre cette messe, en ce jour de célébration de L'Immaculée-Conception de la Vierge Marie.
Célébrée dès 10H30 (09H30 GMT) par l'archevêque de Paris Laurent Ulrich, elle sera notamment rythmée par la consécration de l'autel et des lectures bibliques, et doit durer plus de deux heures.
Au début de la messe, Mgr Ulrich a salué les fidèles "avec une intense émotion", "que vous soyez présents dans cette cathédrale ou devant un écran, y compris peut être sous la pluie".
Comme la veille, sont autorisés à assister à la messe plusieurs chefs d'Etat, dont Emmanuel Macron, aux côtés de 150 personnes en situation de précarité - qui seront ensuite invités à un déjeuner -, de 150 évêques de France et du monde, ainsi qu'un prêtre de chacune des 106 paroisses parisiennes et des sept églises catholiques de rite oriental.
- "Oui" -
Le président français, qui a prononcé un discours à l'intérieur de la cathédrale samedi soir, ne communiera pas, a précisé l'Elysée, alors que le respect de la séparation des Eglises et de l'Etat donne régulièrement lieu à des polémiques en France.
A l’intérieur de Notre-Dame, Patrick Orhand, bénévole au secours catholique 68 ans, est venu "rendre hommage à toutes ces personnes, pour l'énergie qu’elles ont mises à restaurer Notre-Dame". Le retraité, émerveillé, "a regardé toute la journée à la télé (samedi)" la cérémonie de réouverture.
Non loin, Florence Leroux, 51 ans, est l’une des fidèles venues représenter sa paroisse de Saint-Pierre de Montmartre. Au début "je ne pensais pas pouvoir venir. Quand on m’a proposé d’être porte bannière, j’ai tout de suite dit oui", se réjouit-elle.
L'accès à la messe du matin s'est fait sur invitation. Et si la seconde, à 18H30 (17H30 GMT), est prévue pour le grand public, une réservation est nécessaire pour y accéder. La billetterie ayant été prise d'assaut dès son ouverture mardi matin, plus aucun créneau n'est disponible, ni pour la messe de dimanche, ni pour celles de la semaine suivante.
- "Gratuitement" -
Le diocèse organise jusqu'au week-end prochain une semaine d'"octave" avec deux messes quotidiennes, à 10H30 et 18H30 locales. Un point fort de la semaine sera le retour, vendredi après-midi, de la couronne d'épines à Notre-Dame.
Pour les visiteurs souhaitant admirer les murs blonds, le mobilier minimaliste et les vitraux partiellement restaurés sans pour autant assister à une messe, l'accès à la cathédrale sera possible à partir de lundi 15H30 (14H30 GMT) - là aussi sur réservation.
Après ces cérémonies de réouverture, l'affluence devrait durer, le diocèse de Paris attendant désormais de 14 à 15 millions de visiteurs chaque année.
Le pape François a plaidé samedi pour continuer à accueillir "gratuitement" les visiteurs, alors que la ministre française de la Culture démissionnaire Rachida Dati a lancé un pavé dans la mare en évoquant une entrée payante.
Le souverain pontife s'exprimait par écrit, ayant décliné l'invitation à cette cérémonie fastueuse - une absence d'autant plus remarquée qu'il se rendra le week-end prochain en Corse, à l'occasion d'un modeste colloque sur la religiosité populaire.
Le dispositif de sécurité exceptionnel reste inchangé dimanche, avec 6.000 policiers et gendarmes mobilisés, selon une source sécuritaire.
D. Fjodorow--BTZ