Tennis: Djokovic enrôle Murray pour retrouver l'oeil du tigre
Retrouver l'oeil du tigre: après une année 2024 quasi-blanche, sauvée par l'or olympique tant convoité, Novak Djokovic a fait le pari d'enrôler un de ses meilleurs rivaux, le néo-retraité Andy Murray, bourreau de travail devant le remettre sur la voie d'un 25e sacre en Majeur.
Le Serbe, recordman des victoires en Grand Chelem, redescendu au 7e rang mondial au terme d'une saison décevante dénuée de titre sur le circuit ATP, a annoncé samedi cette collaboration, qui s'annonce excitante sur le papier, même si le Britannique n'a encore jamais endossé le rôle d'entraîneur, lui qui n'a remisé ses raquettes que cet été après les Jeux de Paris, contraint et forcé par une énième blessure.
"De toute façon, il n'a jamais aimé la retraite", a écrit Djokovic, sur le ton de la plaisanterie, en légende de sa vidéo annonçant la nouvelle sur les réseaux sociaux, par le biais de photos et vidéos de leurs nombreux bras de fer passés sur les courts.
"On joue l'un contre l'autre depuis qu'on est des gamins", raconte Nole en voix off. "25 ans de rivalité, à repousser nos limites l'un et l'autre. On a livré parmi les batailles les plus épiques de notre sport. Ils nous ont appelés révolutionnaires, preneurs de risques, faiseurs d'histoire. Je pensais que notre histoire commune était terminée. Finalement, elle a un dernier chapitre. C'est le moment pour l'un de mes adversaires les plus coriaces d'intégrer mon staff. Bienvenue, coach Andy Murray".
- Usure mentale -
La collaboration entre Djokovic et Murray, tous les deux âgés de 37 ans et qui comptent au total 27 Majeurs dans la besace - trois pour le Britannique qui contraria la domination quasi sans partage du Big 3 complété par Nadal et Federer du temps de leur splendeur - se concentrera donc dans un premier temps sur la phase de préparation et le déroulement de l'Open d'Australie (12-26 janvier).
Le Serbe était sans coach depuis mars dernier, et la fin de sa collaboration avec le Croate Goran Ivanisevic.
En son jardin de Melbourne, le "Djoker" tentera de s'imposer une 11e fois en simple. Ce qui lui permettrait de porter à 25 son record de Grands Chelems et ainsi dépasser l'Australienne Margaret Court au premier rang des plus titrés, tous genres confondus. Assurément, LA raison qui le pousse à continuer sa carrière, alors que la médaille d'or olympique est venue compléter son palmarès pléthorique où aucune ligne ne manque.
L'an passé, il s'y était arrêté en demi-finale, battu assez sèchement par Jannik Sinner, alors à l'aube d'une saison qui aura vu l'Italien également remporter l'US Open, le Masters ATP, trois Masters 1000, pour finir au sommet de la hiérarchie mondiale, seulement concurrencé par Carlos Alcaraz, lauréat lui à Roland-Garros et Wimbledon.
La rivalité des deux nouvelles perles du tennis mondial s'affirmant, Djokovic a peiné à exister à leurs côtés, redescendu au 7e rang mondial, apparaissant pour la première fois dépassé à certains moments sur les courts et montrant des signes d'usure mentale, l'année même où Rafael Nadal a décidé de stopper sa prodigieuse carrière, contraint par un corps meurtri ne lui permettant plus de rivaliser au haut-niveau.
- Envie d'en découdre -
Un écueil également traîné ces dernières années par Andy Murray, plombé par de graves blessures, à la hanche notamment, en dépit d'un courage de forcené à vouloir retrouver son meilleur niveau, qui l'avait mené à occuper la 1re place mondiale et à remporter l'or olympique (2012, 2016) en plus de ses sacres à l'US Open 2012 et Wimbledon 2013 et 2016.
C'est cette envie d'en découdre que "Nole" espère pouvoir réveiller auprès de l'Ecossais, connu pour son fighting spirit et ses efforts sans relâche sur les terrains de tennis, à l'entraînement comme en match. Le Serbe en a été un témoin privilégié, lors de leurs 36 face-à-face (25 victoires de Djokovic), dont sept affrontement en finales de Majeurs (5 à 2).
"Il est temps pour l'un de mes adversaires les plus coriaces de se mettre dans mon coin", a d'ailleurs insisté Djokovic, en usant d'une rhétorique propre à la boxe, qui rappelle le scénario de Rocky III de Sylvester Stallone, quand son meilleur rival Appolo Creed refaisait de lui un champion.
"Je suis très excité et j'ai hâte d'être pour une fois du même côté du filet", a pour sa part commenté Murray, qui ne devrait pas ménager le Serbe, en quête par ailleurs d'un 100e titre ATP.
P. O'Kelly--BTZ