Italie: la revanche de Pierre Kalulu
Pour beaucoup en Serie A, Pierre Kalulu est l'une des raisons de la solidité défensive de la Juventus et l'un des symptômes des dysfonctionnements de l'AC Milan: samedi (18h00), le défenseur français de la Juve retrouve San Siro où il a passé quatre saisons parfois frustrantes.
Le choc de la 13e journée du Championnat d'Italie oppose deux équipes qui ont beaucoup à prouver.
L'AC Milan, seulement septième au classement (avec toutefois un match en moins), accuse huit points de retard sur le leader Naples et n'arrive pas à enchaîner les victoires.
La Juve est 4e à deux points du Napoli, mais a déjà gaspillé beaucoup de points avec ses six nuls pour six victoires.
Kalulu, lui, a répondu présent.
Depuis son arrivée à Turin, sous la forme d'un prêt avec option obligatoire d'achat, le défenseur formé à l'Olympique lyonnais est devenu incontournable aux yeux de Thiago Motta.
Il a disputé neuf des douze matches de championnat de son équipe et l'intégralité des quatre rencontres en Ligue des champions.
Un temps meilleure défense d'Europe --elle n'a concédé qu'un but lors des huit premières journées et n'a toujours pas perdu--, la Juve a tangué lorsque son défenseur central brésilien Gleison s'est blessé sérieusement à un genou, mais passé dans l'axe, Kalulu, 24 ans, lui a redonné de la stabilité.
Discret et peu présent dans les médias, l'ancien international Espoirs a fait une exception pour la plateforme DAZN, diffuseur de la Serie A en Italie, avant son retour à San Siro.
- "Quand tu ressens la confiance de ton club" -
Il est notamment revenu sur son premier contact, au téléphone, avec Motta, tout juste arrivé de Bologne: "Il voulait savoir si j'étais prêt à jouer tous les trois jours et il m'a dit qu'il me voyait jouer à droite, au centre et à gauche"."
"Je me suis dit que c'était le top pour moi et ce qui a fini de me convaincre, c'est quand il a conclu notre conversation: +C'est l'entraînement qui décidera si tu joues, à la Juve, c'est comme ça+", a-t-il rappelé, .
S'il n'a pas abordé dans ce long entretien ses quatre saisons au Milan (112 matches toutes compétitions confondues, trois buts), Kalulu a envoyé à ses anciens dirigeants une petite pique: "Quand tu ressens la confiance de ton club, tu arrives à donner le meilleur de toi-même".
Passé pro au Milan en juillet 2020, le Français, sacré champion d'Italie en 2022, a longtemps été présenté comme un nouveau Marcel Desailly avant de voir sa cote baisser en flèche.
Sa grave blessure en novembre 2023 (rupture du tendon du muscle droit fémoral gauche) l'a limité à neuf apparitions en Serie A la saison dernière. Et a convaincu ses dirigeants de s'en séparer cet été.
Ils peuvent s'en mordre les doigts: non seulement Kalulu brille avec la Juve qui devra débourser 14 millions d'euros pour le recruter définitivement en plus des trois millions d'euros pour le prêt, mais son remplaçant dans l'effectif rossoneri, le Brésilien Emerson Royal, recruté à Tottenham pour 15 M EUR, déçoit.
Les tifosi du Milan, de plus en plus remontés contre leur propriétaire américain, son conseiller spécial Zlatan Ibrahimovic et l'entraîneur portugais Paulo Fonseca, classent déjà la décision de laisser partir comme "LE" flop de l'intersaison.
Kalulu, "suivi" par Didier Deschamps et son staff comme l'a révélé le sélectionneur des Bleus en marge du dernier Italie-France en Ligue des nations, pourrait très bien attiser leurs regrets samedi.
"Je déteste la défaite, cela a toujours été comme ça", a-t-il prévenu.
D. Meier--BTZ