Les JO-2022 sont officiellement ouverts, Pékin dans l'histoire
"Je déclare que les 24e Jeux olympiques d'hiver sont ouverts": le président chinois Xi Jinping a donné avec la formule rituelle vendredi le coup d'envoi des JO-2022 qui font entrer Pékin dans l'histoire olympique en devenant la première ville à organiser les Jeux d'été et d'hiver.
Et soudain les anneaux olympiques, mélanges improbables de glace et d'effets spéciaux, ont surgi au beau milieu du Stade national de Pékin, surnommé le "Nid d'Oiseau" et construit spécialement pour les JO d'été de 2008.
Avec "seulement" 3.000 figurants, Zhang Yimou a notamment présenté les 56 ethnies et la société civile chinoise lors de l'arrivée très martiale du drapeau chinois, porté par huit soldats à la démarche presque robotique.
La cérémonie se déroule devant des tribunes remplies au tiers de leur capacité par des spectateurs invités pour l'occasion et dans un contexte lourd, entre Covid, tensions diplomatiques et polémiques.
Parmi les spectateurs de cette cérémonie boycottée par plusieurs pays occidentaux, Etats-Unis en tête, afin de dénoncer des violations des droits humains en Chine, une vingtaine de dirigeants mondiaux, dont le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres et Vladimir Poutine, sans masque.
- Déstabilisatrices -
Le président russe avait rencontré plus tôt Xi Jinping pour un sommet où les deux dirigeants ont fustigé à l'unisson l'influence américaine "négative" pour la paix et dénoncé le rôle des alliances militaires occidentales en Europe comme en Asie, les jugeant déstabilisatrices.
La rencontre entre Xi et Poutine a donné un caractère diplomatique à cette ouverture des JO alors que les Occidentaux accusent Moscou de vouloir déclencher une invasion de l'Ukraine, pointant les quelque 100.000 militaires russes déployés depuis des semaines à la frontière de son voisin pro-occidental.
Après le traditionnel défilé des nations avec les 91 délégations en lice, le président du Comité international olympique (CIO) Thomas Bach a espéré que l'esprit olympique pourrait éteindre les nombreuses polémiques qui ont accompagné la préparation de cette quinzaine pékinoise.
"Au cours des deux prochaines semaines, vous vous affronterez pour la plus belle des récompenses, tout en vivant ensemble, en paix, sous un même toit olympique. Là, il n'y aura aucune discrimination d'aucune sorte", a lancé le patron de l'instance olympique aux sportifs.
Dans la foulée, le président Xi a pris brièvement la parole pour déclarer "ouverts" les 24e Jeux olympiques d'hiver.
Il ne manque plus que l'arrivée du, ou des, dernier(s) porteur(s) de la flamme olympique avant l'embrasement de la vasque, symbole pendant quinze jours de ces Jeux, pour que le sport passe enfin au premier plan.
Mais pour cause de pandémie, ces deuxièmes JO sous Covid, après ceux de Tokyo l'été dernier, auront du mal à être une fête.
- "Notre pays est fort" -
Les sportifs sont confinés dans une bulle sanitaire et soumis à des dépistages quotidiens. Comme Pékin observe une stratégie zéro Covid, aucun contact n'est autorisé avec la population et si les tribunes des sites de compétition seront partiellement remplies, elles le seront par des "invités", qui doivent observer les distanciations sociales.
Autre polémique, celle sur l'impact environnemental de ces Jeux qui se déroulent dans un climat semi-aride, sur des pistes enneigées artificiellement dans des stations de ski surdimensionnées pour l'occasion.
Les quelque 2.900 sportifs en lice, qui convoitent un total de 109 titres olympiques, le premier étant attribué en ski de fond féminin dès samedi, doivent eux composer avec des conditions météo éprouvantes avec, par exemple pour le deuxième entraînement de la descente hommes à Yanqing, de fortes rafales de vent et des températures polaires (entre -36 et -28 degrés en ressenti au sommet de la piste).
Les Pékinois affichaient à défaut de ferveur leur fierté avant le coup d'envoi de la cérémonie: "Notre pays est fort, un tel événement sportif ne peut pas être organisé par n'importe quel pays", estimait Jia Qingshan, un retraité de 66 ans.
"Ce n'est pas aussi excitant qu'en 2008, c'est en partie à cause de la pandémie", a toutefois regretté Liu qui travaille dans l'immobilier.
A. Williams--BTZ