JO-2022: l'esprit olympique jusqu'au bout des spatules de ski
Ils représentent Haïti, l'Inde, la Bolivie ou la Jamaïque et n'ont aucune chance de repartir de Pékin avec une médaille, mais grâce au format de qualification des Jeux olympiques, ils réalisent leur (improbable) rêve olympique:
. Richardson Viano (Haïti)
Né en Haïti, Viano a été adopté quand il avait 3 ans et demi par une famille italienne vivant en France, à Puy Saint-Vincent, avec un père guide de haute montagne. Viano a débuté à 16 ans sur le circuit FIS, la 3e division du ski mondial, et trois ans plus tard, il participe au rendez-vous le plus important de son sport.
"Pour moi, ça signifie beaucoup d'être athlète d'Haïti, c'est mon pays natal, j'ai du sang haïtien, comme du sang français et italien. C'est un grand honneur de pouvoir représenter Haïti aux Jeux olympiques", raconte-t-il à l'AFP.
"Haïti n'a jamais réussi à participer à des JO d'hiver, je suis très fier de pouvoir endosser ce rôle."
"Je ne vais pas me fixer d'objectifs car je n'ai pas le niveau pour rivaliser avec les meilleurs, mais je vais donner tout ce que j'ai", assure-t-il.
. Arif Mohammad Khan (Inde)
Arif Mohammad Khan est le seul athlète indien présent à Pékin en février, le 16e de son pays à participer aux JO d'hiver, malgré les 1,4 milliard d'habitants.
Khan vient de la station de ski de Gulmarg, l'une des plus hautes du monde (le téléski atteint 3.950 m d'altitude), dans le Kashmir indien, une région marquée par le conflit territorial avec le Pakistan, qui explique la présence de nombreux militaires et points de contrôle autour de la petite ville.
Le père de Khan tenait un magasin de ski à Gulmarg.
"La quantité de neige que nous avons chaque année est très bonne", explique le skieur alpin qui a décroché son billet pour Pékin lors d'une épreuve organisée dans un complexe indoor à Dubaï. "Si des infrastructures se créent dans les prochaines années, on pourrait atteindre le niveau d'athlètes européens."
. Timo Grönlund (Bolivie)
Timo Grönlund, 34 ans, va participer pour la deuxième fois aux Jeux sous le drapeau de la Bolivie en ski de fond. Né en Finlande, il a obtenu la nationalité bolivienne après plusieurs années passées au pays de sa femme, à s'entraîner comme il le pouvait, notamment sur la route.
"En Bolivie, on peut aussi pratiquer ce sport, tout comme au Brésil, ils pratiquent toujours sur asphalte (avec des skis à roulettes) et ils ont de bons résultats", souligne l'athlète pour l'AFP.
Grïnlund était revenu en Finlande en 2019 avec sa famille, un an après avoir pris la 101e place du 15 km des Jeux de Pyeongchang (sur 119 partants).
. Et aussi...
De nombreux autres sportifs porteront avec fierté les couleurs d'un pays guère habitué aux podiums olympiques d'hiver, comme la Malgache Mia Clerc, adoptée enfant par une famille savoyarde, l'Américaine Sarah Schleper, qui représente à 43 ans le Mexique (pays de son mari) pour la deuxième fois après avoir connu quatre participations pour "Team USA", le Jamaïcain Benjamin Alexander, ancien DJ, ou encore Yohan Gutt, né et élevé en France dont la mère vient du Timor oriental.
La présence de ces sportifs, bien que fidèle à l'esprit olympique, fait parfois grincer des dents. Le nombre de quotas a été réduit par exemple en ski alpin, impactant directement les pays majeurs, ce qui empêche plusieurs skieurs du top-30 mondial de participer aux JO.
Le système de qualification est suffisamment souple pour permettre à certaines personnes au niveau sportif faible, mais disposant de moyens importants pour financer matériel et déplacements, de décrocher leur place pour le plus grand évènement sportif du monde.
U. Schmidt--BTZ