Israël dit avoir visé le Hamas dans un hôpital de Gaza, le directeur arrêté
L'armée israélienne a annoncé samedi la fin de son opération dans un hôpital clé de Gaza, affirmant qu'il abritait un centre de commandement du Hamas palestinien, et confirmé l'arrestation du directeur de l'établissement, désormais vide selon l'OMS.
L'hôpital Kamal Adwan à Beit Lahia dans le nord de la bande de Gaza, assiégée et dévastée par plus d'un an de guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, était le dernier grand hôpital encore opérationnel dans le nord du territoire palestinien.
Il est désormais "vide" et "hors service" après le lancement du raid par l'armée israélienne, a déclaré l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Depuis le début de la guerre déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023, Israël accuse les combattants du Hamas de se servir des hôpitaux comme base pour préparer et lancer des attaques contre ses troupes, ce que dément le mouvement islamiste.
Vendredi matin, l'armée a lancé son opération contre l'hôpital Kamal Adwan utilisé selon elle "comme cachette par les terroristes".
"L'armée et les services du renseignement ont terminé une opération ciblée contre un centre de commandement du Hamas dans l'hôpital Kamal Adwan. Les forces ont arrêté plus de 240 terroristes dans les environs", a indiqué samedi l'armée dans un communiqué.
Elle a aussi confirmé avoir arrêté pour interrogatoire le directeur de l'établissement, le Dr Hossam Abou Safiya, "suspecté d'être un terroriste du Hamas".
Selon le ministère de la Santé du gouvernement Hamas, les soldats ont conduit à "un centre de détention, pour les interroger", des "dizaines de membres du personnel médical de l'hôpital Kamal Adwan", dont le Dr Abou Safiya.
- "Déshabillés" -
"L'occupation (israélienne) a complétement détruit l'ossature médicale, humanitaire et de secours dans le nord de Gaza", a dénoncé à l'AFP le porte-parole de la Défense civile locale, Mahmoud Bassal, précisant que le responsable local des secouristes avait état également arrêté.
Mohammad, un témoin qui a préféré taire son nom de famille, a affirmé à l'AFP que l'armée avait "demandé à tous les jeunes hommes de se déshabiller avant de sortir de l'hôpital et de se rendre dans une école utilisée comme centre de détention et d'interrogatoire".
"Les soldats nous ont posé des questions sur les résistants, le Hamas, les armes et les gens qui filmaient les bombardements", a ajouté cet homme de 48 ans, qui a été arrêté puis relâché.
L'OMS a également relayé les accusations selon lesquelles "plusieurs personnes auraient été déshabillées et forcées à marcher vers le sud de Gaza".
Cette agence de l'ONU a ajouté que vendredi soir "les 15 patients critiques qui restaient (à l'hôpital), 50 soignants et 20 agents de santé ont été transférés à l'hôpital indonésien (à Jabalia), qui manque des équipements et des fournitures nécessaires pour prodiguer des soins adéquats".
Elle a dit être "consternée" par le raid israélien et avoir perdu le contact avec le directeur de l'hôpital.
Depuis le 6 octobre, l'armée israélienne a intensifié son offensive terrestre et aérienne dans le nord de la bande de Gaza pour empêcher selon elle les combattants du Hamas de se regrouper.
C'est dans cet objectif qu'elle a indiqué avoir lancé son opération contre l'hôpital Kamal Adwan, au rôle crucial dans une bande de Gaza aux services de santé exsangues.
- 48 morts à Gaza en 24H -
Depuis plusieurs jours, le Dr Abou Safiya alertait que l'hôpital était pris pour cible par les troupes israéliennes.
"La situation est catastrophique, il n'y a plus de service médical, d'ambulances et de secouristes dans le nord" de Gaza, a déclaré à l'AFP un témoin, Ammar al-Barch, 50 ans.
Ailleurs dans la bande de Gaza, la Défense civile a fait état de neuf morts dans une frappe israélienne sur une maison dans le centre du territoire palestinien.
Israël a de son côté annoncé avoir intercepté au-dessus de son territoire "deux projectiles" tirés depuis le nord de Gaza. Des sirènes ont été activées dans les régions de Jérusalem, du Neguev et de Shephelah.
Ces dernières 24 heures, au moins 48 Palestiniens ont été tués dans les bombardements israéliens dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du Hamas.
En riposte à l'attaque du Hamas menée à partir de Gaza le 7 Octobre 2023, l'armée israélienne a lancé une campagne de bombardements aériens suivie d'une offensive terrestre contre le territoire palestinien faisant 45.484 Palestiniens, essentiellement des civils, d'après la même source.
Côté israélien, l'attaque du Hamas a entraîné la mort de plus de 1.200 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.
L. Pchartschoy--BTZ