Les punaises de lit, une nuisance qui touche plus d'un foyer sur dix
Les punaises de lit, réapparues depuis les années 1990, ont infesté plus d'un foyer sur dix en France ces dernières années - peu importe le niveau de revenus -, représentant un lourd fardeau sanitaire et économique, souligne un épais rapport mercredi.
Ces petits insectes de la taille d’un pépin de pomme, qui se nourrissent la nuit, principalement de sang humain, se cachent le plus souvent dans les matelas et les sommiers et sont transportées dans les vêtements et les bagages.
Après leur repas, les femelles fécondées pondent, tout au long de leur vie d'adulte, environ cinq œufs par jour dans un endroit abrité de la lumière.
Disparues de la vie quotidienne dans les années 1950, ces insectes ont fait leur grand retour depuis une trentaine d'années dans de nombreux pays développés à la faveur de modes de vie de plus en plus nomades, de consommations favorisant l'achat de seconde main et d'une résistance croissante aux insecticides.
Entre 2017 et 2022, 11% des ménages français auraient été infestés, selon un sondage Ipsos réalisé en juillet dernier pour un groupe de travail mis en place par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l'environnement et du travail (Anses).
Dans un rapport de près de 300 pages publié mercredi, l'Anses livre pour la première fois des données sur l'impact sanitaire mais aussi socio-économique de ces nuisibles.
Premier enseignement: contrairement à une idée reçue, la présence de punaises de lit chez soi ne traduit pas un manque de propreté. Tout le monde peut être victime d’une infestation à son domicile.
- 866 euros -
"C'est un phénomène totalement indépendant du milieu social", insiste auprès de l'AFP Karine Fiore, adjointe à la direction des sciences sociales, économiques et sociétales à l’Anses.
En revanche, le niveau de revenu est un facteur de persistance de l'infestation car la lutte peut s’avérer très coûteuse: 866 euros en moyenne par foyer, alloués à diverses mesures de lutte, au premier rang desquelles des mesures de nettoyage et des traitements.
Au-delà du coût de la lutte, les victimes ont parfois peur d'être stigmatisées, ce qui peut les empêcher d’en parler et de mettre en place des actions rapides pour éviter la dispersion des punaises, souligne l'Anses. Pour y remédier, l'Agence plaide pour la mise en place d'un mécanisme de déclaration obligatoire et l'accompagnement des particuliers par une prise en charge financière, a fortiori pour les ménages à faibles ressources.
L’Agence a calculé le coût de la lutte à l’échelle nationale pour les seuls ménages français. Il a atteint 1,4 milliard d’euros pour la période 2017-2022, soit 230 millions d’euros par an en moyenne.
Pour les bailleurs sociaux, interrogés dans le cadre du rapport, le coût s'élevait en moyenne à 74.500 euros en 2021. Les logements étudiants (Cnous et Crous) ont, eux, estimé avoir consacré 700.000 euros à cette lutte la même année.
- "Accompagner les foyers" -
Quant au coût sanitaire, il a représenté en 2019, 83 millions d’euros pour les Français, dont 79 millions d’euros associés à une baisse de la qualité de vie, aux troubles du sommeil et aux impacts sur la santé mentale, 1 million d'euro lié aux arrêts de travail et 3 millions d’euros environ au titre des soins physiques.
Si les lésions cutanées sont les manifestations les plus fréquentes consécutives aux piqûres, l'infestation par les punaises de lit peut en effet entraîner différentes conséquences psychologiques voire psychiatriques (troubles du sommeil, anxiété, sentiment de panique, etc...), souligne le rapport.
"Toute politique visant à faire cesser la prolifération de l’infestation en France, aussi coûteuse soit-elle, doit être jugée à l’aune des bénéfices qui pourront en être retirés à terme", estime l'Anses.
"Tout le monde peut être touché, il faut donc accompagner les foyers français pour se prémunir et lutter contre les punaises de lit", juge Karine Fiore.
En matière de lutte, l’Agence recommande de privilégier les méthodes non chimiques, comme le traitement par la chaleur sèche ou la congélation, et de faire appel à des professionnels de la désinsectisation en cas de persistance de l’infestation.
N. Nilsson--BTZ