Le gouvernement britannique inflexible face à une grève inédite et populaire des infirmières
Le mouvement de grève des infirmières britanniques pour de meilleurs salaires est entré mardi dans sa deuxième journée, un mouvement social inédit qui risque de se poursuivre en janvier face à un gouvernement inflexible.
Après une première journée de grève jeudi dernier, les infirmières poursuivent leur mouvement pour tenter d'obtenir une augmentation substantielle après des années à se serrer la ceinture dans un système public de santé (NHS) chroniquement sous-financé.
Et dans un Royaume-Uni qui ploie sous une inflation à plus de 10%, elles sont devenues le symbole de la crise du coût de la vie.
"Ce n'est pas que le salaire, ce sont les conditions de travail", "les soins aux patients", a déclaré à l'AFP Emily, infirmière à Liverpool (Nord), qui souligne le grand nombre d'infirmières qui quittent la profession.
Depuis 30 ans dans la profession, sa collègue Pauline fait valoir qu'auparavant, pour pouvoir "se faire plaisir" avec un salaire d'infirmière, "on travaillait les jours fériés et en heures supplémentaires". A présent, c'est simplement pour "boucler les fins de mois" qu'il faut le faire.
Salariés des chemins de fer, de la logistique, ambulanciers, agents de la police aux frontières, des aéroports, etc., de nombreux secteurs ont décidé de débrayer en cette fin d'année, et pour beaucoup aussi début janvier.
- Fort soutien -
Une nouvelle grève est venue s'ajouter mardi à un calendrier déjà très chargé: les conducteurs de 15 compagnies de train cesseront le travail le 5, selon le syndicat Aslef.
Si des Britanniques critiquent certains de ces mouvements qui bousculent parfois leurs projets pour Noël, les infirmières jouissent elles d'un fort soutien dans la population. Car elles ont été en première ligne pendant la pandémie de Covid-19 et subissent une crise qui touche depuis des années le très respecté système public et gratuit de santé.
Selon un sondage YouGov publié mardi, deux tiers des Britanniques soutiennent les grèves des infirmières, 63% celle des ambulanciers. Ils sont 43% à soutenir celles du rail.
Cette popularité met la pression sur le gouvernement conservateur qui se montre jusqu'à présent inflexible, refusant de relever la hausse d'environ 4,75% prévue cette année, qui correspond à la recommandation d'un organisme d'experts, et même de négocier directement.
Le sujet sera au menu du grand oral du Premier ministre Rishi Sunak, attendu dans l'après-midi devant les chefs des commissions parlementaires, son premier exercice du genre depuis son arrivée au pouvoir fin octobre.
- Feux rouges -
Accorder davantage serait insoutenable pour les finances publiques britanniques, martèle le gouvernement.
"Mettez-vous autour de la table", a plaidé la secrétaire générale du principal syndicat d'infirmières, le Royal College of Nursing (RCN), Pat Cullen. "C'est la seule chose respectable et convenable à faire" pour mettre un terme à ces grèves, a-t-elle lancé depuis un piquet de grève à Newcastle (Nord), sans quoi le mouvement risque de se poursuivre.
Une autre grève dans le secteur de la santé donne du fil à retordre au gouvernement: celle des ambulanciers mercredi. Le ministre de la Santé Steve Barclay doit rencontrer les syndicats, non pour des négociations sur les salaires, mais sur la manière d'épargner les urgences les plus graves.
En prévision des perturbations, le secrétaire d'Etat à la Santé Will Quince a appelé sur la BBC les Britanniques a éviter les "activités risquées".
Le gouvernement prévoit de mobiliser 750 militaires pour remplacer des ambulanciers grévistes - mais ils ne pourront pqs utiliser les avertisseurs lumineux ni griller les feux selon le gouvernement - et 625 seront déployés pour remplacer les agents de la police aux frontières dans les aéroports.
L. Pchartschoy--BTZ