Contre le sida, la tuberculose et le paludisme, Fonds mondial cherche 18 milliards
Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme va tenter mercredi de récolter un record de 18 milliards de dollars, lors d'un événement à New York sous l'égide du président américain Joe Biden.
Il s'agit du plus important "renflouement" jamais sollicité par l'organisation, dans un contexte économique compliqué par la pandémie de Covid-19 et les crises alimentaires et énergétiques causées par la guerre en Ukraine.
La porte-parole du Fonds, Françoise Vanni, a malgré tout déclaré à l'AFP être encouragée par les récentes promesses de pays donateurs -- dont 1,3 milliard de la part de l'Allemagne, après 6 milliards par les Etats-Unis, et 1,08 milliard par le Japon. La cible visée est à peu près "à moitié" atteinte à l'heure actuelle, a-t-elle fait savoir.
"La cible de 18 milliards est fondée sur le besoin de nous remettre sur les rails pour mettre fin aux épidémies de sida, de tuberculose et de paludisme d'ici 2030, en regagnant le terrain perdu pendant la pandémie de Covid", a-t-elle déclaré. Et ainsi "sauver pas moins de 20 millions de vies sur les trois prochaines années."
Le Fonds mondial a été créé en 2002, et rassemble des gouvernements, des agences multilatérales, des groupes de la société civile et le secteur privé pour combattre ces trois maladies mortelles, avec des cycles de financements généralement sur trois ans.
L'événement de mercredi se tient en marge de l'Assemblée générale des Nations unies.
Le total de 18 milliards sollicité représente 30% de plus que ce qui a été levé lors de la dernière conférence "de reconstitution des ressources", tenue en 2019 en France, lors de laquelle 14 milliards avaient été levés, alors déjà un record.
"Tout est encore en train de se jouer. Aucune décision n'est prise tant qu'elle n'a pas été prise", a rappelé Françoise Vanni. "Mais nous avons déjà de solides promesses dans notre besace."
Elle a dit espérer que les donateurs prennent en considération les succès passés du Fonds. La semaine dernière, l'organisation avait annoncé avoir aidé à sauver 50 millions de vies ces 20 dernières années.
De plus, "les pays du monde réalisent aujourd'hui que personne n'est à l'abri, tant que tout le monde ne l'est pas. Nous l'avons dit et répété durant le Covid-19, et nous ne pouvons pas perdre cette dynamique", a-t-elle souligné.
- Reculs liés à la pandémie -
Le Fonds mondial fournit 76% du financement international contre la tuberculose, et un tiers des moyens engagés mondialement contre le sida.
L'année dernière, l'organisation a averti de l'impact "dévastateur" de la pandémie de coronavirus sur son travail, ayant conduit à un recul sans précédent depuis sa création dans la lutte contre les trois maladies.
Le Covid-19 a gravement perturbé l'accès aux systèmes de santé, dans de nombreux pays, avec des baisses significatives des services de dépistage et de prévention du VIH pour les populations vulnérables, ou encore une forte diminution du nombre de personnes testées et traitées pour la tuberculose.
Ainsi, le nombre de personnes décédées de la tuberculose a augmenté en 2020 pour la première fois depuis une décennie, avec 1,5 million de morts, ce qui en faisait la maladie infectieuse la plus mortelle dans le monde, derrière le Covid-19.
La même année, le nombre de personnes positives au VIH recevant un traitement antirétroviral a augmenté de 9%.
Mais des signes de "rétablissement" sont observés, selon le Fonds, grâce aux ressources engagées massivement.
Le nombre de personnes en contact avec des services de prévention contre le VIH a par exemple recommencé à augmenter.
Selon une loi du Congrès américain, les Etats-Unis ne peuvent pas fournir plus d'un tiers des financements du Fonds mondial -- une limite qui vise à encourager les investissements de la part d'autres nations.
P. Hansen--BTZ