Amazon augmente fortement les tarifs de Prime dans cinq pays d'Europe
Mauvaise nouvelle au réveil mardi pour les abonnés Prime d'Amazon dans cinq pays d'Europe: le géant américain va augmenter significativement le prix de l'abonnement à compter de la mi-septembre en raison de "coûts d'exploitation" en hausse.
Prime reste malgré tout peu cher par rapport à ce qu'il coûte à l'entreprise.
Près de 43% d'augmentation en France, 38,6% en Italie et Espagne, 30,3% en Allemagne et 20% au Royaume-Uni: en valeur relative, l'augmentation du prix annuel de l'abonnement Prime est spectaculaire, en tout cas largement supérieure à l'inflation des prix observée dans les pays concernés. Elle entrera en vigueur le 15 septembre.
Le groupe a informé ses abonnés par e-mail à partir d'une heure du matin mardi, certains usagers sur Twitter ne manquant de se demander si le but était de passer inaperçu. Il explique à l'AFP devoir faire face à une "augmentation des frais d'expédition", notamment avec la hausse des prix du carburant, de l'énergie ou encore des emballages. Il avait déjà augmenté ses prix aux Etats-Unis en février, de 12,99 à 14,99 dollars par mois et de 119 à 139 dollars par an.
En Europe, les prix passeront en France de 5,99 à 6,99 euros par mois et de 49 à 69,90 euros par an. Au Royaume-Uni, de 7,99 à 8,99 livres (environ 10,6 euros) et de 79 à 95 livres (environ 112 euros). En Allemagne, de 7,99 à 8,99 euros et de 69 à 89,9 euros. En Espagne et Italie, de 3,99 à 4,99 euros par mois et de 36 à 49,90 euros par an.
Les abonnés de l'offre à destination des étudiants, Amazon Prime Student, ont également fait état sur les réseaux sociaux d'une augmentation des prix, de 2,99 à 3,49 euros par mois et de 24 à 34,95 euros par an.
Une telle augmentation de prix peut étonner, dans un contexte où l'inflation généralisée du coût de l'énergie, du carburant, des denrées alimentaires, a rendu les clients encore plus sensibles aux prix, et où le pouvoir d'achat est depuis de longs mois la première préoccupation des Français.
- "Profiteur de crise" -
Le groupe s'est fait taxer de "profiteur de crise" par l'association Attac sur Twitter, et une poignée d'abonnés a dit son intention de se désabonner, ce qui sera d'autant plus facile que le groupe a drastiquement simplifié début juillet la procédure d'"opt-out", après une intervention de la Commission européenne et une plainte de plusieurs associations de consommateurs.
L'entreprise en France s'est montré confiante: "de ce qu'on a pu voir aux Etats-Unis, il n'y a pas eu de phénomène d'opt-out (désengagement, ndlr) parce qu'on apporte de plus en plus de services via Prime et que ce service permet malgré tout aux consommateurs de réaliser des économies extrêmement importantes."
Mi-juin, les analystes financiers de la banque JP Morgan estimaient que la valeur globale de "tous les services composant l'offre Prime pris séparément coûterait environ 1.100 dollars par an" aux consommateurs américains, soit 8 fois plus que ce qui leur est effectivement facturé. A noter que la banque américaine "fait et cherche à faire des affaires avec l'entreprise", d'où un risque de "conflit d'intérêt pouvant affecter l'objectivité du rapport".
En tout état de cause, le programme est un rouage essentiel de l'activité d'Amazon, qui en a fait un puissant vecteur de fidélisation des consommateurs et investit lourdement pour attirer et choyer ces abonnés.
Livrer un certain nombre de références en une journée est "difficile et coûteux dans un premier temps, pendant que nous construisons l'infrastructure" pour monter en puissance, exposait dans sa dernière lettre à ses actionnaires le patron du géant américain Andy Jassy. "Mais nous pensons que nos plus de 200 millions de membres Prime (...) vont adorer ça".
Une fois fidélisés, ils dépensent deux fois plus en moyenne que les non membres, estimait en 2021 Foxintelligence, qui mesure les achats en ligne d'un panel de consommateurs européens. Et y regarderont sans doute à deux fois avant de se désabonner.
B. Semjonow--BTZ