Motion de censure: "clarification" pour LFI, "procès d'intention" pour Borne
Un moment de "clarification": par la voix de Mathilde Panot (LFI), la gauche a défendu lundi sa motion de censure face à Elisabeth Borne qui s'est élevée contre un "procès d'intention", devant une Assemblée nationale agitée.
"Voici venu le moment de vérité. Cette motion de défiance tiendra lieu de clarification politique", a lancé la cheffe de file du groupe LFI face à la Première ministre. "Ceux qui ne voteront pas cette motion de défiance seront les partisans de votre politique", de la réforme des retraites à "la politique de casse et d’injustice sociale", a-t-elle ajouté dans une ambiance houleuse.
La motion de censure défendue par la coalition de gauche Nupes n'a quasiment aucune chance d'aboutir, faute de soutien des groupes RN et LR.
Elle a été conçue comme une démonstration de "défiance" à l'égard d'Elisabeth Borne qui n'a pas de majorité absolue à l'Assemblée nationale et n'a pas sollicité de vote de confiance le 7 juillet, lors de sa déclaration de politique générale.
"Vous ne tirez votre légitimité ni des élections législatives, ni même du Parlement" et "vous êtes, à cette fonction (de chef du gouvernement), une anomalie démocratique", a encore attaqué Mme Panot, devant des rangs clairsemés hormis à gauche.
Mme Borne lui a rétorqué aussitôt que "nous pourrions être en train d'agir pour les Français" mais "au lieu de cela, nous débattons d’une motion de censure cousue de procès d’intention qui fait obstacle au travail parlementaire".
"Les Français en ont assez des dialogues stériles et de la loi des postures" et ont "envoyé un message clair" aux élections, a ajouté la cheffe du gouvernement qui avait appelé la semaine dernière les oppositions à "bâtir ensemble" des compromis au Parlement.
La patronne des députés LREM Aurore Bergé avait vu plus tôt "une vertu à cette motion de censure, c'est qu'elle va définitivement démontrer que la Nupes est clairement une minorité à l'Assemblée nationale".
La motion va être mise au vote en fin d'après-midi, après les interventions des différents groupes politiques.
Seuls les députés favorables à la motion y participeront. Pour faire tomber le gouvernement, il faudrait une majorité absolue de 289 voix, impossible à atteindre pour les seuls Nupes (LFI, PS, écologistes, PCF).
Ils sont 151 au total mais le socialiste Dominique Potier n'a pas signé le texte. Pas sûr en outre que tous les signataires prennent part au scrutin.
- "Faire sauter la République" -
Marine Le Pen a redit dimanche que son groupe RN, en pleine quête de respectabilité, ne soutenait pas la motion: "La Nupes ne défend pas l'intérêt des Français, ce qu'ils veulent c'est faire sauter la République".
Dans la soirée, l'Assemblée s'emparera du projet de loi sur la sécurité sanitaire et ses "mesures de freinage" face au regain de Covid-19, premier texte de la législature.
Il vise à proroger des dispositifs de collecte de données de santé (tests Covid, vaccination) et mettre en place un pass sanitaire aux frontières si la situation sanitaire l'exigeait.
Les députés ont unanimement réduit en commission les délais d'autorisation de ces mesures, jusqu'au 31 janvier plutôt que fin mars, une "co-construction" saluée par LR et la majorité.
Mais les RN ou certains élus Nupes contestent l'ensemble du projet de loi et entendent faire le procès de la politique sanitaire menée.
A l'extrême droite, Julie Lechanteux avait réclamé en commission des "preuves" de l'efficacité du pass sanitaire et lancé que le "vaccin ne fonctionne pas" face aux nouveaux variants, s'attirant les foudres de la majorité.
Chez LFI, on dénonce des "manques coupables" sur la "gratuité" des tests ou les purificateurs d'air pour les écoles.
Les débats devraient s'animer à propos des Outre-mer. Le texte prévoit que le possible pass sanitaire aux frontières s'applique pour les trajets entre métropole et territoires ultramarins.
Nouveau ministre de la Santé, l'urgentiste François Braun va connaître son baptême du feu dans l'hémicycle, en pleine septième vague de Covid.
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F. Schulze--BTZ