Olivier Véran, retour en première ligne
Longtemps étiqueté "M. Covid", Olivier Véran, soutien de la première heure d'Emmanuel Macron, va redevenir une figure familière pour les Français en tant que porte-parole du gouvernement.
"Notre responsabilité, c'est de rendre audible notre action" et "j'ai à coeur de parler vrai, de parler juste", a lancé l'ex-socialiste, rompu aux plateaux télé et aux joutes avec les oppositions, lors de la passation lundi avec Olivia Grégoire.
Son passage au ministère des Relations avec le Parlement, dans le gouvernement Borne I, a été bref. Il conserve le portefeuille du "Renouveau démocratique", comme ministre délégué auprès de la Première ministre.
"La démocratie ne vivra plus seulement lors des grands scrutins électoraux", a-t-il aussi espéré lundi, en souhaitant "que l'exigence du dialogue et du consensus puisse irriguer ce quinquennat" et en se proclamant "porte-voix des Français".
Réélu député de l'Isère en juin, il était perçu par certains comme à contre-emploi aux Relations avec le Parlement. Un membre de la majorité reconnaît qu'après des "relations un peu rugueuses" pendant la crise sanitaire, "les oppositions n’ont pas montré ces dernières semaines qu’elles étaient prêtes à discuter sereinement avec lui".
A 42 ans, Olivier Véran s'impose comme une pièce maîtresse du gouvernement. A seulement une décennie mais déjà des années-lumières du jeune député élu en 2012, qui n'entendait pas faire plus d'un ou deux mandats.
Voire: l'animal politique pointait déjà sous les traits du neurologue, remarqué dès 2007 lors d'une grève au CHU de Grenoble et devenu dans la foulée porte-parole du syndicat national des internes.
"Il est clair dans son expression, enthousiaste, a du charisme et un bon sens de la communication", juge alors la députée socialiste locale Geneviève Fioraso, qui en fait son suppléant avant d'être nommée à l'Enseignement supérieur sous François Hollande.
Fils d'un ingénieur et d'une prof d'anglais, aide-soignant en Ehpad au début de ses études, disant avoir "le coeur à gauche" bien que "jamais encarté" auparavant, il défend au Palais Bourbon les salles de shoot, pourfend l'intérim médical. Il finit par obtenir une place de rapporteur sur la loi Santé de Marisol Touraine, qui lui permet de se distinguer par ses amendements contre l'anorexie des mannequins.
Contraint de rendre le siège à sa titulaire en 2015, il se rapproche du ministre de l'Economie Emmanuel Macron, et adhère l'année suivante à En Marche! avant de devenir le référent santé du candidat à la présidentielle.
- Changer de partition -
Les portes du ministère s'ouvrent finalement pour lui en 2020, lorsque Mme Buzyn doit remplacer en catastrophe Benjamin Griveaux dans une course à la mairie de Paris qui tourne au fiasco.
M. Véran s'illustre d'emblée par un simple graphique, dessiné en direct sur une chaîne d'info pour expliquer que l'objectif est "d'aplatir la courbe" du virus afin d'éviter la saturation des services de réanimation.
Mais l'épidémie s'emballe et l'exécutif s'empêtre dans une gestion au jour le jour émaillée de polémiques: masques, attestations, déconfinement, tests, reconfinement, vaccination...
Son visage devient connu de tous, mais l'exercice le réduit au rôle de ministre du Covid. Sans loi à son nom, il peut tout de même s'enorgueillir de la création d'une cinquième branche de la Sécurité sociale et des hausses de salaires "historiques" du "Ségur de la santé".
Pianiste amateur à ses heures, le ministre trépignait de changer enfin de partition.
Né dans la capitale du Dauphiné, le diplômé de Sciences Po y revient souvent voir ses deux enfants, restés avec son ex-femme, une gynécologue-obstétricienne.
Une vie presque ordinaire, n'était l'enquête pendante de la Cour de justice de la République sur la gestion du Covid.
K. Berger--BTZ