Un allié de Trump perd un premier vote au Congrès pour le perchoir
Malgré le soutien de Donald Trump et une majorité de républicains au Congrès, il n'aura pas réussi vendredi à se faire réélire au perchoir dès le premier vote: le "speaker" Mike Johnson doit désormais négocier avec les élus réfractaires de son camp, dans un climat d'incertitude.
Cette élection du président de la Chambre des représentants fait figure de test de l'influence de Donald Trump au Congrès, car le futur président a apporté son soutien à Mike Johnson.
Lui souhaitant "bonne chance" vendredi dans un message sur son réseau Truth Social avant le vote, le futur président a qualifié l'élu de Louisiane comme "un homme bien et très capable, qui n'est pas loin d'avoir un soutien à 100%".
"Une victoire pour Mike aujourd'hui sera une grande victoire pour le Parti républicain", a insisté Donald Trump.
Mais au vu de la faible majorité des républicains à la chambre basse dans cette nouvelle législature, le "speaker" actuel avait bien conscience qu'il ne pouvait pas se permettre beaucoup de défections dans son camp.
Or, ils avaient été plusieurs avant le vote à avoir exprimé leur réticence, voire leur "non" franc, face à la candidature de l'élu, "speaker" depuis un peu plus d'un an.
"Vous pouvez m'arracher tous les ongles, vous pouvez enfoncer des bambous dedans, vous pouvez commencer à me couper les doigts: je ne voterai pas pour Mike Johnson", avait déclaré le plus vocal d'entre eux, le républicain Thomas Massie, dans une interview à la chaîne conservatrice OAN.
Trois élus républicains ont finalement donné leur voix à un autre candidat lors du premier scrutin.
Après cet échec, un second vote était attendu dans la foulée vendredi après-midi. Le scrutin se répétera dans les heures et les jours suivants, avec des négociations en coulisses, jusqu'à trouver l'heureux élu au perchoir.
- "Plein soutien" -
Après le président élu, le milliardaire Elon Musk -- devenu l'une des voix qui compte le plus à Washington depuis son alliance tonitruante avec Donald Trump -- avait pourtant aussi apporté sa voix en faveur du "speaker" actuel.
"Je pense la même chose. Vous avez mon plein soutien", avait-il répondu cette semaine sur son réseau social X à Mike Johnson, qui se félicitait d'un message de Donald Trump en sa faveur.
Le soutien des deux influents milliardaires n'aura pas suffi pour ce premier scrutin; un échec qui représente un nouveau camouflet au Congrès pour Donald Trump.
Juste avant Noël, le président élu n'avait pas obtenu l'inclusion dans un texte budgétaire d'une mesure sur le plafond de la dette qu'il réclamait pourtant haut et fort.
Le rejet initial de la candidature de Mike Johnson pour le perchoir donne un aperçu des difficultés que Donald Trump aura à faire passer son programme au Congrès dans les premiers mois de sa présidence.
- Luttes intestines -
Traditionnellement une formalité, l'élection du "speaker" a connu des remous inhabituels ces deux dernières années, notamment avec la destitution inédite il y a un an du précédent président de la chambre basse, Kevin McCarthy.
Une chute orchestrée par la frange la plus à droite au Congrès, qui accusait déjà Kevin McCarthy d'avoir accru le déficit en cédant trop aux démocrates.
La destitution avait donné lieu à un psychodrame de 22 jours et exposé au grand jour les luttes intestines du camp républicain.
A moins de trois semaines de son retour à la Maison Blanche, Donald Trump souhaite donc éviter ce genre de scénario, d'autant plus que sans "speaker", la Chambre des représentants se trouverait dans l'incapacité d'agir, et donc de certifier sa victoire à la présidentielle, lors d'une session prévue lundi.
P. Hansen--BTZ