Lula et Xi appellent à une solution politique en Ukraine
Le président brésilien Lula a prôné mercredi le "dialogue" pour mettre fin à la guerre en Ukraine, durant une visite de son homologue chinois Xi Jinping à Brasilia qui a montré la proximité entre ces deux leaders du Sud global.
Tapis rouge, honneurs militaires, hymnes nationaux: Luiz Inacio Lula da Silva, accompagné de son épouse Rosangela "Janja" da Silva, a reçu en grande pompe son hôte chinois dans sa résidence présidentielle de l'Alvorada.
Après un entretien avec ce dernier, Lula a vanté leurs "visions du monde proches". "Dans un monde ravagé par les conflits armés et les tensions géopolitiques, Chine et Brésil mettent au premier plan la paix, la diplomatie et le dialogue", a-t-il affirmé.
La visite d'Etat de M. Xi a lieu dans un contexte international chargé, comme l'a montré un G20 dominé lundi et mardi à Rio de Janeiro par la crise climatique et les guerres en Ukraine et à Gaza.
Le président chinois a appelé mercredi à un cessez-le-feu à Gaza et à "rassembler plus de voix engagées pour la paix afin d'ouvrir la voie à une solution politique" en Ukraine, a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.
Le président russe Vladimir Poutine avait jugé cette proposition "équilibrée", mais elle avait été rejetée par le chef de l'Etat ukrainien Volodymyr Zelensky et n'avait pas non plus été soutenue par les Etats-Unis et l'Union européenne.
Pékin est un allié majeur de Moscou, et Lula a été très critiqué en Occident pour avoir dit par le passé que l'Ukraine avait comme la Russie une part de responsabilité dans le conflit.
- "Partenaire en or" -
MM. Lula et Xi ont vanté le partenariat stratégique entre leurs pays, membres fondateurs du groupe des Brics, dont le Brésil accueillera le prochain sommet en 2025.
"Les relations Chine-Brésil sont au meilleur niveau de leur histoire" et Pékin veut être un "partenaire en or" pour Brasilia, a lancé le leader chinois, selon Chine nouvelle.
Sa visite intervient alors que le retour de Donald Trump à la Maison Blanche préfigure un virage isolationniste de la plus grande puissance mondiale, et une posture encore plus dure des Etats-Unis envers la Chine, particulièrement en matière commerciale.
"Xi Jinping cherche clairement à remplir le vide qui va surgir avec l'élection de Trump, qui ne valorise pas le multilatéralisme", estime Oliver Stuenkel, professeur de relations internationales à la Fondation brésilienne Getulio Vargas.
- "Routes de la soie" -
Le partenariat a toutefois ses limites: sans surprise, le Brésil n'a pas annoncé rejoindre le gigantesque programme chinois d'infrastructures des "Nouvelles routes de la soie".
Plusieurs pays d'Amérique du Sud ont adhéré à cette initiative lancée en 2013, qui constitue un axe central de la stratégie chinoise pour accroître son influence à l'étranger.
Lot de consolation pour Pékin: l'annonce mercredi par les deux dirigeants que leurs pays vont établir des "synergies" entre cette initiative chinoise et les stratégies de développement brésiliennes.
Le commerce bilatéral entre les deux pays a atteint plus de 160 milliards de dollars en 2023, mais leur relation est très asymétrique.
Le géant asiatique est le premier partenaire commercial du Brésil, qui est son premier fournisseur de biens agricoles. Le pays sud-américain n'est que le neuvième partenaire de la Chine.
Même si le Brésil est l'un des rares pays en excédent commercial avec la Chine, ses exportations sont avant tout des matières premières, du soja notamment. La Chine, elle, vend au Brésil des produits à forte valeur ajoutée: semi-conducteurs, téléphones, voitures et médicaments.
Les deux gouvernements ont signé mercredi plus de 35 accords bilatéraux dans le commerce, les télécommunications, l'agriculture ou encore l'industrie.
L'un d'eux envisage la possible entrée sur le marché brésilien de l'entreprise chinoise de satellites SpaceSail, concurrente de Starlink, société du milliardaire américain Elon Musk, qui fournit un accès internet dans des régions brésiliennes reculées.
Elon Musk a une histoire tourmentée avec le Brésil: son réseau social X y a été suspendu cette année 40 jours pour avoir ignoré des décisions judiciaires liées à la lutte contre la désinformation.
A. Lefebvre--BTZ