Israël en état d'alerte avant l'anniversaire du 7 octobre et prépare une riposte contre l'Iran
L'armée israélienne est en état d'alerte dimanche, par crainte d'attentats, à la veille du premier anniversaire de l'attaque du Hamas, et prépare une réponse à la salve de missiles tirés par l'Iran, soutien du mouvement islamiste palestinien et du Hezbollah libanais.
Le chef d'état-major israélien Herzi Halevi a par ailleurs affirmé sa détermination à frapper "sans répit" le Hezbollah, contre lequel il a récemment intensifié son offensive.
"Cette semaine, nous commémorerons l'anniversaire de la guerre et du 7 octobre (2023). Nous sommes prêts à augmenter nos forces en prévision de ce jour", par craintes d'attentats, a assuré samedi soir le porte-parole de l'armée israélienne, Daniel Hagari, sans autre précision.
Dans un message à l'occasion de cet anniversaire, le président israélien Isaac Herzog a lui dénoncé "la menace permanente que font peser sur l'Etat l'Iran et ses mandataires terroristes, qui sont (...) déterminés à détruire notre seul et unique Etat-nation".
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu doit prononcer lundi un discours à la nation pour marquer l'anniversaire de cette attaque, qui a déclenché la guerre à Gaza.
L'attaque sans précédent du Hamas a entraîné la mort de 1.205 personnes, en majorité des civils, tués par balle, brûlés vifs ou mutilés, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres officiels israéliens, incluant les otages morts ou tués en captivité dans la bande de Gaza. Sur les 251 personnes enlevées alors, 97 sont toujours otages à Gaza, dont 64 présumées vivantes et 33 mortes.
- "Droit de se défendre" -
Après la salve de missiles lancée mardi par l'Iran contre Israël, l'armée "prépare une réponse", a assuré à l'AFP un responsable militaire israélien sous le couvert de l'anonymat.
"L'Iran a déjà lancé à deux reprises des centaines de missiles sur notre territoire (...) Israël a le devoir et le droit de se défendre et de répondre à ces attaques et c'est ce que nous ferons", a aussi affirmé M. Netanyahu.
Depuis Damas, le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi a prévenu que "pour chaque action, il y aura une réaction proportionnelle et similaire de l'Iran, et même plus forte".
Selon Téhéran, les quelque 200 missiles tirés mardi vers Israël sont une réponse "légitime" à l'assassinat de Hassan Nasrallah, tué le 27 septembre dans un raid israélien sur la banlieue sud de Beyrouth, et à celui le 31 juillet d'Ismaïl Haniyeh, le chef du Hamas, mort dans une explosion à Téhéran imputée à Israël.
L'Iran avait en avril lancé une première attaque aux missiles contre Israël en riposte à une frappe contre son consulat à Damas imputée à Israël.
Le président américain Joe Biden a déconseillé à Israël de s'en prendre aux sites pétroliers iraniens. Son prédécesseur et candidat républicain à sa succession, Donald Trump, a lui suggéré des frappes sur les installations nucléaires de l'Iran.
- Contact avec Safieddine perdu -
Après avoir affaibli le Hamas lors de représailles toujours en cours dans la bande de Gaza assiégée, Israël a déplacé mi-septembre l'essentiel de ses opérations vers le front libanais, ouvert par le Hezbollah en soutien au Hamas le 8 octobre 2023.
Le gouvernement Netanyahu veut en finir avec les tirs de roquettes du Hezbollah et permettre le retour des dizaines de milliers de déplacés chez eux dans le nord d'Israël.
Samedi soir, l'agence de presse nationale libanaise ANI a fait état de cinq nouvelles frappes israéliennes visant la banlieue sud de Beyrouth et ses environs, dont quatre "très violentes", peu après des appels israéliens à évacuer plusieurs quartiers de ce fief du Hezbollah.
L'armée israélienne a déclaré qu'elle "frappait actuellement des cibles terroristes" du Hezbollah dans le secteur de Beyrouth, dans un communiqué publié sur sa chaîne Telegram.
Des images de l'AFP montrent des panaches de fumée s'élevant des zones ciblées ainsi qu'une grosse boule de feu projetée dans le ciel.
Des correspondants de l'AFP ont entendu des explosions dans le sud et la périphérie de Beyrouth pendant plus de deux heures.
Un correspondant de l'AFP près de Sabra, proche de la banlieue sud de Beyrouth, a vu des dizaines de personnes dans les rues, certaines portant des sacs et fuyant à pied ou à moto tandis que des explosions résonnaient en fond.
Le Hezbollah a de son côté assuré avoir repoussé dans la nuit de samedi à dimanche une "tentative" d'infiltration de l'armée israélienne à Blida, à la frontière.
- "Cauchemar sans fin" -
L'armée israélienne a affirmé avoir, depuis le 30 septembre, "éliminé environ 440 terroristes dont 30 commandants".
Vendredi, l'armée israélienne a violemment pilonné la banlieue sud de Beyrouth, visant, selon le site d'information israélien Ynet, Hachem Safieddine, potentiel successeur de Nasrallah qui était considéré comme l'homme le plus puissant du Liban. L'armée israélienne n'a pas confirmé cette information.
Mais un responsable du Hezbollah a affirmé sous le couvert de l'anonymat que le contact avec Hachem Safieddine était "perdu" depuis les frappes de vendredi.
Depuis octobre 2023, plus de 2.000 personnes ont été tuées au Liban, dont plus d'un millier depuis l'intensification des frappes israéliennes le 23 septembre, selon les autorités. Environ 1,2 million de personnes ont été déplacées.
"On est à la rue depuis 13 jours", a déclaré Salma Salmane, 30 ans, qui a fui la banlieue sud vers un quartier du centre de Beyrouth. "On vit un cauchemar sans fin."
- "Honte" -
Dans la bande de Gaza, affamée et ravagée par 12 mois de guerre, 12 personnes dont des enfants ont péri dans de nouvelles frappes israéliennes, selon des secouristes.
Depuis le début de la guerre, 41.825 personnes ont été tuées dans le territoire dévasté, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas.
Les échanges ont rapidement pris des allures de crise entre les deux pays. A un tel niveau que l'Elysée a publié dans la soirée une mise au point assurant que la France "est l'amie indéfectible d'Israël" et déplorant les mots "excessifs" de Benjamin Netanyahu.
"Honte", avait répliqué le dirigeant israélien, à l'adresse du président français et des autres Occidentaux appelant à des embargos d'armes contre son pays.
Le Qatar, un médiateur clé dans les pourparlers sur le cessez-le-feu à Gaza, a estimé que la déclaration de M. Macron était "un pas important et apprécié vers l'arrêt de la guerre ", tandis que la Jordanie a salué l'appel du dirigeant français.
Le ministre britannique des Affaires étrangères, David Lammy, a jugé de son côté "profondément dérangeantes" les informations sur des frappes israéliennes qui auraient touché "des installations sanitaires et du personnel hospitalier" au Liban.
I. Johansson--BTZ