"Derniers ajustements" pour le gouvernement, crispation au MoDem
Deux semaines après sa nomination, Michel Barnier s'apprête à présenter "avant dimanche" aux Français la composition de son gouvernement, même si de "derniers ajustements" étaient en cours, le MoDem hésitant à entrer dans une équipe marquée à droite avec notamment Bruno Retailleau à l'Intérieur.
Le gouvernement ne sera pas annoncé vendredi car de "derniers ajustements" sur sa composition sont encore en cours, a annoncé Matignon à la mi-journée.
Après avoir réuni jeudi les chefs des différentes formations pouvant entrer au gouvernement, le Premier ministre a soumis jeudi soir une liste de 38 ministres au président de la République Emmanuel Macron.
Puis Matignon a fait savoir que le gouvernement serait présenté "avant dimanche" dans l'attente du feu vert de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) à la nomination des futurs ministres.
Selon le schéma rapporté par Gabriel Attal à ses troupes, le gouvernement Barnier devrait comprendre 16 ministres de plein exercice, parmi eux sept macronistes et trois Républicains (LR).
Parmi les trois ministres issus de la droite figure Bruno Retailleau, le patron des sénateurs LR, qui devrait être nommé au ministère de l'Intérieur.
Mais la nomination de cette figure du camp conservateur, très à droite sur l'immigration, crispait fortement au MoDem.
Une réunion des députés du parti était en cours vendredi midi autour de François Bayrou pour trancher leur participation au gouvernement, selon plusieurs sources centristes.
Sur X, l'ancien député centriste Jean-Louis Bourlanges a "adjuré" ses amis à "surmonter leurs réserves" car "la situation politique, financière et internationale du pays est trop sérieuse".
Autre difficulté pour le bloc central, la sénatrice LR Laurence Garnier, pressentie pour la Famille, est vivement critiquée pour ses positions contre le mariage homosexuel et contre la constitutionnalisation de l'IVG.
"Après tout le travail que nous avons accompli sur le plan sociétal, Laurence Garnier et Bruno Retailleau au gouvernement, c'est NON !", a réagi sur X le macroniste Ludovic Mendes.
La gauche s'indignait également du choix des ministres LR.
"Cela va être le gouvernement de la Manif pour Tous", a dénoncé sur TF1 la cheffe des députés LFI Mathilde Panot. "Pourquoi y a-t-il eu une dissolution si c'est pour avoir à peu près les mêmes, plus à droite encore ?", s'est demandé l'ancien président socialiste François Hollande.
Bruno Retailleau remplacerait Gérald Darmamin, qui a acté son départ vendredi matin par un message de remerciements aux agents de son ministère.
Laurent Wauquiez, le patron des députés LR qui nourrit des ambitions élyséennes pour 2027, avait pris les devants jeudi en annonçant qu'il renonçait à entrer au gouvernement après avoir refusé le poste de ministre des Finances.
Du côté des macronistes, le ministre MoDem (centre) démissionnaire des Affaires européennes Jean-Noël Barrot va être proposé pour les Affaires étrangères, tandis que le ministre des Armées Sébastien Lecornu devrait être reconduit.
- Qui pour Bercy ? -
Alors qu'il peine à trouver des personnalités de gauche, auprès desquelles il a essuyé plusieurs refus, seul un divers gauche figurerait parmi ces ministres de plein exercice. Le nom de Didier Migaud, actuel président de la HATVP et issu du Parti socialiste, circule pour entrer à la Justice.
Il pourrait avoir à ses côtés la députée Naïma Moutchou, qui serait une des deux ministres du parti Horizons d'Edouard Philippe avec le député Paul Christophe aux Affaires sociales.
A Bercy, le ministère serait composé d'un duo de députés macronistes: Antoine Armand pour l'Economie et l'Industrie d'un côté; Mathieu Lefèvre de l'autre pour le Budget. Reste à savoir s'ils seraient chapeautés par un ministre des Finances.
Parmi les sortants, Catherine Vautrin, ex-LR, passerait du Travail à un large portefeuille autour des Territoires tandis qu'Agnès Pannier-Runacher, membre de l'aile gauche de la macronie, quitterait l'Agriculture pour l'Ecologie.
Donnant un sérieux coup d'accélérateur pour former son équipe, le Premier ministre a réuni jeudi à Matignon les dirigeants des formations qui devaient y participer, avec l'intention de mettre fin aux tensions qui ont émergé ces derniers jours.
Selon plusieurs participants, il affirmé qu'il n'augmenterait pas les impôts pour les classes moyennes, une décision qui a satisfait Gabriel Attal, le chef de file des députés macronistes, qui avait fixé cette condition pour la participation de son parti au gouvernement.
Le Premier ministre, qui semble vouloir rester flou sur son programme jusqu'à sa déclaration de politique générale le 1er octobre, a affirmé mercredi avoir découvert une "situation budgétaire très grave". La France fait, avec plusieurs autres pays membres de l'Union européenne, l'objet d'une procédure européenne pour déficits excessifs.
Le temps presse côté budget, dont le calendrier a été retardé par la dissolution de l'Assemblée nationale en juin et la nomination très tardive d'un nouveau Premier ministre.
P. Rasmussen--BTZ