Ukraine: l'UE veut durcir les sanctions contre la Russie, accusée de tirer des missiles depuis une centrale nucléaire
Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne vont débattre lundi d'un durcissement des sanctions contre la Russie, au moment où Moscou est accusé d'avoir déployé des lanceurs pour tirer des missiles depuis la centrale nucléaire de Zaporijjia, dans le sud de l'Ukraine.
Le gouverneur de la région de Dnipro, Valentyn Reznichenko, a dénoncé samedi "un déluge de feu" sur le territoire de Nikopol, avec des tirs de missiles Grad sur des quartiers résidentiels. "Les sauveteurs ont trouvé deux personnes mortes sous les ruines", a-t-il annoncé.
Les ministres de l'UE devront se pencher entre autres sur une proposition de la Commission européenne d'interdire les achats d'or à la Russie pour aligner les sanctions de l'UE sur celles de ses partenaires du G7.
Une autre proposition vise à inscrire de nouvelles personnalités russes sur la liste noire de l'UE.
"Moscou doit continuer à payer le prix fort pour son agression", a affirmé la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen après avoir transmis les nouvelles mesures aux Vingt-Sept.
Selon un haut fonctionnaire européen, lors d'une première discussion à Bruxelles sur ces nouvelles sanctions, aucune décision n'est attendue.
Le plus important acheteur d'or russe est le Royaume-Uni avec 290 tonnes en 2020 pour un montant de 16,9 milliards de dollars, selon les indications des douanes russes.
- Moscou le "pyromane", accuse le Canada -
La participation de la Russie était "absurde" et "équivalait à inviter un pyromane à une réunion de pompiers", a fustigé la ministre canadienne des Finances Chrystia Freeland.
Les accusations sont du même ordre en Ukraine, où l'opérateur national de l'énergie nucléaire a accusé l'armée russe d'avoir installé des lanceurs de missiles sur le site même de la centrale nucléaire de Zaporijjia (sud), dans une zone qui est sous son contrôle depuis mars.
"La situation est extrêmement tendue et la tension s'accroît de jour en jour. Les occupants y amènent (...) y compris des systèmes de missiles avec lesquels ils ont déjà frappé de l'autre côté" du fleuve Dniepr "et sur le territoire de Nikopol", à 80 kilomètres au sud-ouest de Zaporijjia, a affirmé Petro Kotin, président d'Energoatom, sur Telegram.
Selon lui, environ 500 militaires russes se trouvent sur le site de cette centrale ukrainienne, la plus grande d'Europe.
- "Nous sommes en vie" -
Vendredi soir, l'armée de l'air ukrainienne avait indiqué que des missiles russes Kh-101 avaient été tirés vers 22H00 de la mer Caspienne sur Dnipro, dont quatre ont été détruits.
Le centre de commandement de la région sud a indiqué samedi que la situation était "tendue mais sous contrôle".
"L'ennemi continue de mener des offensives (...) mais, faute de succès sur le terrain, il intensifie les frappes de missiles et aériennes", a-t-il affirmé sur Facebook.
Plus au nord, près de Kharkiv, la deuxième ville du pays, la ville de Tchouguiv a été touchée vendredi soir par des missiles russes qui ont fait trois morts, a annoncé Oleg Sinegoubov, le gouverneur de la région.
Dans l'est, vendredi soir, Kramatorsk, la principale ville du bassin du Donbass encore sous contrôle ukrainien, dans la région de Donetsk, avait également subi plusieurs bombardements.
- Moscou assure faire des progrès dans le Donbass -
L'Ukraine et ses alliés occidentaux restent par ailleurs sous le choc des frappes de missiles de croisière qui ont dévasté jeudi le centre de Vinnytsia, à des centaines de kilomètres à l'ouest du front.
Le bilan de cette attaque a été relevé samedi à 24 morts. "Malheureusement, une femme est morte à l'hôpital aujourd'hui, elle était brûlée à 85%", a annoncé le gouverneur de la région de Vinnytsia, Serguiï Borzov, précisant que 68 personnes continuaient de recevoir des soins, dont quatre enfants.
Face aux condamnations internationales, le ministère russe de la Défense a affirmé avoir visé à Vinnytsia une réunion du "commandement des forces aériennes ukrainiennes avec des représentants de fournisseurs étrangers d'armements".
Un haut responsable américain de la Défense a cependant dit, sous couvert d'anonymat, n'avoir "pas d'indication sur la présence d'une cible militaire à proximité".
La Russie n'a jamais reconnu de bavure ou de crime de ses forces armées en Ukraine et assure systématiquement ne frapper que des cibles militaires.
Dans le Donbass, les forces séparatistes et l'armée russe ont affirmé continuer à progresser et être en train de prendre le contrôle complet de la ville de Siversk, attaquée après la prise de Lyssytchansk, plus à l'est, au début du mois.
Le ministère russe de la Défense a affirmé samedi que le ministre, Sergueï Choïgou, s'était rendu auprès des soldats impliqués dans l'offensive en Ukraine, sans préciser la date de cette visite, la deuxième après une première en juin, ni si elle avait eu lieu en Ukraine ou en Russie.
Il a "donné les instructions nécessaires pour accroître encore" la pression militaire, a ajouté le ministère.
burx-cn/dth
P. Hansen--BTZ