Geneviève Darrieussecq, médecin et ministre centriste au puissant ancrage local
La centriste Geneviève Darrieussecq, nommée ministre délégué chargée des personnes handicapées après avoir assumé le portefeuille de la Mémoire et des Anciens combattants, est une fidèle de François Bayrou, entrée en politique sur le tard après une carrière de médecin.
Native des Landes, cette allergologue de 66 ans, profondément attachée à son Sud-Ouest, s'engage à l'UDF (rebaptisé MoDem en 2007) et devient conseillère régionale d'Aquitaine en 2004.
Geneviève Darrieussecq conquiert ensuite successivement les échelons municipal, intercommunal, régional, départemental, avant de remporter en 2017 un siège de députée des Landes auquel elle est réélue aux dernières législatives.
En 2008, elle créé la surprise en parvenant à briser l'hégémonie PS dans les Landes et ravit aux socialistes la mairie de Mont-de-Marsan, à gauche depuis 46 ans. Les Montois la réélisent en 2014. Jugée affable, nature et accessible par ses partisans, elle se voit reprocher des manières cassantes, voire autoritaires par ses détracteurs.
En 2021, lors des élections régionales, cette fan de rugby mène sans succès un rassemblement réunissant les quatre formations de la majorité présidentielle - LREM, Modem, Agir, Territoires de Progrès – ainsi que l'UDI et le Mouvement radical pour tenter de détrôner le patron socialiste de la Nouvelle-Aquitaine Alain Rousset.
En 2017, après avoir soutenu Alain Juppé pendant la primaire de la droite, Geneviève Darrieussecq est nommée secrétaire d'Etat aux Anciens combattants dans le gouvernement d'Edouard Philippe, puis promue ministre déléguée par Jean Castex.
Pendant cinq ans, elle met fidèlement en oeuvre la feuille de route mémorielle du président Macron: incitation des élus locaux à nommer des lieux publics avec les noms des combattants africains morts pour la France, gestion de dossiers sensibles liés à l'Algérie, comme la reconnaissance des Harkis, ces Français musulmans – jusqu'à 200.000 hommes - recrutés comme auxiliaires de l'armée française pendant la guerre d'indépendance algérienne (1954-1962) et abandonnés par la France à l'issue de ce conflit.
Elle a notamment travaillé à l'adoption d'une loi de "reconnaissance" et de "réparation" envers les Harkis, promulguée le 23 février après avoir été annoncée par Emmanuel Macron en septembre 2021. Le président français avait alors demandé "pardon" aux Harkis au nom de la France pour leur "tragédie" vécue.
A la fin de la guerre d'Algérie, plusieurs dizaines de milliers de Harkis et leurs familles, transférés en France, sont parqués dans des "camps de transit et de reclassement" gérés par l'armée française, aux conditions de vie indignes et traumatisantes, certains entourés de barbelés et placés sous surveillance.
Lors de son passage au ministère, Mme Darrieussecq a notamment lancé un projet de mémorial à l'emplacement dans le sud de la France d'un ancien de ces camps, estimant que la République française "n'a pas été à la hauteur de ses valeurs" dans ces camps de Harkis.
P. Rasmussen--BTZ