Dans le métro de Rome, l'Otan teste ses technologies antiterrorisme
Dans le métro de Rome, des militaires de l'Otan testent des technologies capables de détecter armes ou explosifs: l'Alliance atlantique, mobilisée par la guerre en Ukraine qui fait rage à ses frontières, est aussi à la manœuvre sur un front plus insidieux, celui du terrorisme intérieur.
Le projet "Dexter" est l'un des projets de recherche scientifique à vocation non militaire de l'Alliance. Il est destiné à sécuriser les métros, les gares et les aéroports où transitent chaque jour des centaines de millions de voyageurs dans le monde, cibles récurrentes d'attentats meurtriers.
Dexter intègre diverses technologies de capteurs et de logiciels pour fournir des informations en temps réel aux policiers ou aux agents de sécurité qui surveillent les passagers dans les espaces publics.
Dans un couloir de métro de la banlieue de la capitale italienne, de grands écrans diffusent cette semaine des images colorées provenant de systèmes radar et laser.
Le radar scannant les voyageurs de passage produit des images 2D et 3D à haute résolution qui révèlent en rouge la présence d'une arme, tandis qu'un système laser permet de détecter des traces d'explosifs.
Les résultats des deux capteurs sont ensuite combinés et analysés par un logiciel, et une alerte est rapidement envoyée aux lunettes intelligentes portées par un policier dans une salle de contrôle.
"Nous sommes en mesure de fusionner et de combiner les informations du premier et du dernier capteur et d'envoyer un message à l'agent de police", explique à l'AFP Henri Bouma, chercheur à l'organisme de recherche néerlandais TNO.
- "Prototype"-
Au cours du dernier mois d'essais, les deux systèmes ont obtenu un taux de réussite de 100% dans la détection des personnes portant des armes ou ayant des traces d'explosifs sur le corps.
Les tests effectués sur des foules encore plus importantes ont atteint un taux de réussite de "plus de 99%", selon M. Bouma.
Selon le secrétaire général adjoint de l'Otan pour les défis de sécurité émergents, David van Weel, cette technologie, moins invasive et plus précise que les fouilles aléatoires, pourrait avoir un "impact tangible" sur la vie des civils.
"Elle pourrait permettre de se rendre à un match de foot ou dans un aéroport en toute sécurité", souligne-t-il.
Une dizaine d'institutions de recherche de pays membres de l'OTAN (Italie, France, Pays-Bas et Allemagne), ainsi que d'autres dans ses pays partenaires (Ukraine, Corée du Sud, Serbie et Finlande) participent au projet.
A ce stade, "ce n'est qu'un prototype", précise Deniz Beten, qui dirige le programme de l'Otan pour la science au service de la paix et de la sécurité.
"Nous espérons que d'ici un ou deux ans, nous serons en mesure de le commercialiser pour l'utiliser dans les métros, les aéroports ou d'autres infrastructures choisies par les pays", ajoute-t-elle.
Dans un contexte de baisse du financement public pour les projets civils de recherche et développement depuis des décennies, des programmes tels que Dexter sont importants pour combler les lacunes du secteur privé et pourraient stimuler sa participation, relève M. Van Weel.
"Notre objectif est de stimuler le suivi réel, qui sera principalement assuré par le secteur privé", détaille-t-il, ajoutant que la technologie de Dexter pourrait faire l'objet de licences.
A. Madsen--BTZ