Energie: l'Europe s'est montrée "cupide" et non "naïve" face à la Russie, selon Vestager
En confiant en grande partie leur approvisionnement énergétique à la Russie, les Européens se sont montrés "cupides" et non "naïfs", a estimé mardi la commissaire européenne à la Concurrence Margrethe Vestager dans un entretien à plusieurs journaux européens.
"Nous n'avons pas été naïfs, nous avons été cupides. Notre industrie s'est beaucoup construite autour de l'énergie russe avant tout car elle n'était pas chère", affirme Mme Vestager, qui est aussi vice-présidente de la Commission européenne, dans cette interview publiée en France par Les Echos.
Elle ajoute que l'attitude des Européens est la même "avec la Chine pour de nombreux produits ou avec Taïwan pour les puces, où nous sommes avant tout allés chercher des coûts de production plus bas".
Mais "il y avait une grosse prime de risque - la dépendance - que nous payons aujourd'hui" avec les conséquences de la guerre en Ukraine, explique la commissaire qui juge qu'il "faudra désormais plutôt payer une prime à la sécurité", notamment en misant sur le gaz naturel liquéfié (GNL), plus cher mais qui pourra apporter "la stabilité et la prédictibilité, qui amèneront des investissements", assure-t-elle.
Concernant l'imposition d'un embargo européen sur le pétrole russe, actuellement bloqué par la Hongrie, Mme Vestager se dit "persuadée qu'un accord sera trouvé". Mais elle ajoute que "nous ne pouvons pas laisser les Etats les plus dépendants du pétrole russe sur le bord du chemin" et qu'il faut "sécuriser leur approvisionnement".
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a estimé mardi "très improbable" un accord dans les prochains jours, dans une lettre au président du Conseil européen Charles Michel consultée mardi par l'AFP. La présidence française a pour sa part indiqué dans la foulée qu'un accord était encore possible "dans les jours qui viennent".
Le ministre allemand de l'Economie et du Climat Robert Habeck a récemment accusé Moscou d'utiliser l'énergie "comme une arme", alors que la première économie européenne est très dépendante du gaz russe.
L. Pchartschoy--BTZ