Prix Nobel ou ex-combattant: le Timor oriental élit son président
Un Prix Nobel de la paix ou le chef de l'Etat sortant, un ancien guérillero: les électeurs du Timor oriental se sont rendus aux urnes mardi pour choisir leur président.
Les bureaux de vote ont ouvert à 07H00 (22H00 GMT lundi), donnant lieu à de longues files d'attente.
L'ancien héros révolutionnaire et lauréat du prix Nobel de la paix Jose Ramos-Horta est arrivé largement en tête au premier tour le 19 mars, avec 46% des voix contre 22% pour l'actuel président Francisco "Lu Olo" Guterres, manquant de peu la barre de la majorité absolue.
Ce duel est identique à celui de 2007, alors remporté haut la main (avec 69% des voix) par Jose Ramos-Horta, qui fut président du Timor oriental jusqu'en 2012.
"Si je gagne (...) j'ouvrirai un dialogue avec les partis politiques, dont le Fretilin (de l'actuel président Guterres) pour travailler ensemble à maintenir la stabilité et la paix au Timor oriental", a déclaré aux journalistes le Prix Nobel, en montrant son index teinté d'encre violette après avoir voté.
Francisco Guterres a promis de son côté de "garantir la stabilité nationale et de respecter la mission du président de la république qui est inséparable de la Constitution", à la sortie d'un bureau de vote de la capitale Dili.
Les deux candidats se sont engagés à respecter le résultat des élections quel qu’il soit. Le comptage des voix pourrait prendre plusieurs jours.
Près de 860.000 Timorais sont inscrits sur les listes électorales dans ce pays de 1,3 million d'habitants à la population très jeune.
Lizia Bahkita de Araujo, étudiante de 27 ans à la Universidad de la Paz, a dit à l'AFP espérer que le candidat élu porterait ses efforts sur l'éducation.
"Pendant la pandémie de Covid-19, les étudiants ont fait face à une situation difficile parce que leurs cours étaient en ligne et ça ne s'est pas bien passé à cause de mauvaises connexions internet", a souligné la jeune fille, notant aussi le problème criant du chômage des jeunes.
- "Paralysie politique" -
Le vainqueur débutera son quinquennat le 20 mai, jour du 20e anniversaire de l'indépendance du Timor oriental après 24 ans d'occupation indonésienne.
Le scrutin est perçu comme une chance de sortir de l'impasse politique dans laquelle se trouvent les deux principaux partis, le Congrès national pour la reconstruction du Timor-Leste (CNRT) et le Front révolutionnaire pour un Timor oriental indépendant (Fretilin).
M. Guterres, 67 ans, ancien guérillero et dirigeant du parti Fretilin, a été élu président en 2017 avec le soutien de l'ancien rebelle Xanana Gusmao, premier président du pays et actuel dirigeant du CNRT.
Mais cette année, M. Gusmao et son parti ont choisi d'investir M. Ramos-Horta, lauréat du prix Nobel de la paix en 1996 pour sa quête d'une solution pacifique au conflit du Timor oriental et qui était le principal porte-parole du mouvement indépendantiste.
Ancien Premier ministre avant un mandat présidentiel de 2007 à 2012, cet homme de 72 ans est sorti de sa retraite pour s'opposer à M. Guterres qu'il accuse d'avoir violé la Constitution.
Le président en exercice a refusé de nommer des ministres du parti CNRT, plongeant le pays dans une paralysie politique depuis plusieurs années.
Jose Ramos-Horta a indiqué qu'il pourrait dissoudre le Parlement s'il était élu afin de sortir de l'impasse.
Le pays situé sur l'île de Timor partagée avec l'Indonésie subit toujours les conséquences de la pandémie de Covid-19 sur son économie. Selon la Banque mondiale, 42% de la population vit dans la pauvreté.
B. Semjonow--BTZ