Yémen: les rebelles chassés d'un secteur clé par les forces soutenues par les Emirats
Les rebelles Houthis au Yémen ont perdu un secteur clé près de la ville stratégique de Marib, les forces progouvernementales soutenues par les Emirats arabes unis poursuivant leur offensive en pleine escalade inédite entre Abou Dhabi et les insurgés.
Ce développement survient au lendemain de nouvelles attaques des Houthis, rebelles proches de l'Iran, contre les Emirats, une montée des violences dans la guerre qui ravage déjà depuis plus de sept ans le Yémen, pays le plus pauvre de la péninsule arabique.
Les Houthis ont également tiré des missiles contre l'Arabie saoudite, à la tête depuis 2015 la coalition militaire qui appuie les forces gouvernementales yéménites, et dont les Emirats sont des membres actifs.
Mardi, les rebelles ont perdu Harib, une localité au sud de la ville de Marib, dernier fief du pouvoir dans le nord du pays. Situé dans une région éponyme riche en pétrole, les Houthis tentent de s'emparer de Marib depuis près d'un an.
"La Brigade des Géants a libéré la localité de Harib avec l'aide des raids de la coalition", a annoncé dans un communiqué cette force yéménite progouvernementale, formée d'anciens militaires et de volontaires, soutenue par les Emirats et l'Arabie saoudite.
Les combats à Harib, qui durent depuis plus de deux semaines, ont fait "des centaines de morts et de blessés dans les deux camps", selon elle.
Situé dans le sud de la région de Marib, Harib fait la jonction avec la province de Chabwa, elle-même entièrement reprise le 10 janvier aux rebelles par la Brigade des Géants.
Les Houthis, qui contrôlent la capitale Sanaa et de vastes régions dans le pays, en particulier dans le nord, n'ont pas fait de commentaires dans l'immédiat.
L'ONU tente en vain depuis plusieurs années de mettre fin à ce conflit dévastateur qui a fait 377.000 morts et poussé une population de 30 millions d'habitants au bord d'une famine à grande échelle, selon les Nations unies.
- "Alarmant" -
Mardi, l'organisation s'est dite "alarmée" par la spirale de la violence au Yémen "qui continue d'affecter les civils et déborde au-delà de ses frontières".
"Au cours des dernières semaines, les frappes aériennes et les attaques de missiles ont touché des hôpitaux, des infrastructures de télécommunication, des aéroports, une installation hydraulique et une école", a regretté l'envoyé spécial de l'ONU pour le Yémen, Hans Grundberg.
Dans un communiqué, il a également souligné la "recrudescence alarmante" des attaques contre les Emirats et l'Arabie saoudite.
Le 17 janvier, les insurgés ont mené une attaque meurtrière à Abou Dhabi, la première à faire des morts sur le sol émirati, et qui intervient dans un contexte de retour en force des Emirats dans les offensives anti-Houthis au Yémen.
L'attaque, condamnée à l'étranger, a été suivie par une série de frappes aériennes de la coalition et par des offensives au sol des forces gouvernementales yéménites.
Un des raids aériens a fait 14 morts à Sanaa, et au moins trois enfants ont été tués dans une attaque contre Hodeida (ouest), port par lequel transite la majeure partie de l'aide internationale destinée au pays, confronté à l'une des pires crises humanitaire au monde.
Cette dernière frappe a notamment provoqué la coupure d'internet qui a été rétabli mardi, selon l'organisation NetBlocks, spécialisée dans la surveillance d'internet dans le monde.
- "Pire incident" -
La coalition a en revanche nié toute responsabilité dans une frappe meurtrière contre une prison lancée vendredi avant l'aube à Saada, le fief des rebelles dans le nord du Yémen.
Cette attaque a fait au moins 70 morts et plus de 100 blessés, selon l'ONG Médecins Sans Frontières (MSF), les Houthis donnant un bilan de 91 morts et plus de 200 blessés dans un communiqué publié mardi, alors que des funérailles collectives étaient organisées à Saada pour des dizaines de victimes.
Dans son communiqué de mardi, l'ONU a réitéré sa condamnation de ces "frappes aériennes menées par la coalition" et qui "auraient tué 91 détenus et en auraient blessé 226". "Il s'agit du pire incident ayant fait des victimes civiles au Yémen depuis trois ans", a souligné M. Grundberg.
Lundi, les rebelles au Yémen ont de nouveau tiré des missiles balistiques contre les Emirats qui les ont interceptés et contre l'Arabie saoudite où deux personnes ont été blessées.
Les Emirats, qui ont retiré la plupart de leurs troupes du Yémen en 2019 mais continuent de soutenir et d'entraîner les forces progouvernementales, ont promis une "réponse forte" à ces frappes.
S. Soerensen--BTZ