Nucléaire: la France sur le point de raccorder au réseau le réacteur EPR de Flamanville
Vendredi 20 décembre 2024, jour J pour l'EPR de Flamanville (Manche): après 17 ans de travaux, dont 12 ans de retard, le réacteur nucléaire de nouvelle génération devrait être enfin raccordé au réseau et contribuer à la production électrique de la France.
Sauf aléas de dernière minute, le premier couplage au réseau du réacteur EPR devrait donc avoir lieu au dernier jour de l'automne, après avoir été promis "avant la fin de l'été", puis "avant la fin de l'automne".
Dans un message adressé au marché de gros de l'énergie, EDF faisait état jeudi soir d'une maintenance prévisionnelle du réacteur jusqu'à vendredi 20H00, impliquant un couplage au mieux en fin de journée.
Le fonctionnement du réacteur "sera marqué par différents paliers de puissance, jusqu'à l'été 2025, qui solderont la phase d'essais", selon EDF.
Le réacteur doit ensuite fonctionner "à 100% de puissance jusqu'au premier arrêt programmé pour maintenance et rechargement du combustible appelé Visite Complète 1", a précisé EDF, sans donner de date précise.
En 2020, la Cour des Comptes l'avait évaluée à 19 milliards, en incluant les "surcoûts de financement".
Pour marquer l'événement, EDF a prévu une conférence de presse dans l'après-midi à Paris.
Paradoxalement, l'arrivée sur le réseau de ce réacteur de 1.600 MW, le plus puissant du parc français, intervient alors que la consommation d'électricité du pays est en retrait par rapport aux années d'avant Covid-19, de l'ordre de 6%.
"L'électricité est disponible, utilisons-la", a lancé comme un cri du coeur le PDG d'EDF, Luc Rémont la semaine dernière, sur fond de crise dans l'industrie notamment automobile, et de coup d'arrêt de l'électrification des usages.
- Premier nouveau réacteur depuis 1999 -
Cela faisait un quart de siècle que la France, pays qui compte le plus de centrales nucléaires par habitant, n'avait pas fait démarrer un nouveau réacteur, depuis 1999 avec le réacteur nucléaire 2 de Civaux, dans la Vienne.
Outre la complexité du chantier, la longue pause dans la construction de nouveaux réacteurs en France est pointée du doigt par les experts, pour qui elle a engendré une perte de compétences dans la filière, expliquant en partie les déboires rencontrés sur ce chantier colossal.
Et pour la suite ?
Emmanuel Macron a décidé de relancer le nucléaire civil en France, en commandant six réacteurs EPR2 (et huit supplémentaires en option) à l'énergéticien, mais le cadre budgétaire se fait attendre pour ce chantier d'autant plus pharaonique qu'EDF, détenu à 100% par l'Etat, est lourdement endetté.
Le manque de visibilité politique n'arrange pas les choses, à en croire le journal Les Echos, qui affirme que, selon plusieurs sources, le conseil d'administration de l'énergéticien a voté mercredi, dans le budget 2025, une baisse de l'enveloppe dédiée aux travaux préparatoires des futurs EPR2, de 2 milliards d'euros à une fourchette de 1,1 à 1,3 milliard d'euros.
Une information qu'a confirmée à l'AFP une source interne à EDF, mais que réfute la direction.
Elle affirme que le montant des investissements n'est à ce stade "pas décidé" et qu'il "sera examiné plus tard", une fois que seront définies l'ensemble des modalités du programme.
Initié le 3 septembre, le démarrage du réacteur a marqué le début de sa montée en puissance progressive qui permettra de le connecter au réseau électrique.
Le palier de puissance atteint au moment du couplage n'est pas encore connu, selon EDF.
L'EPR, un réacteur à eau pressurisée de nouvelle génération, est le 4e de ce type installé dans le monde (deux en Chine, un en Finlande, et un en construction au Royaume Uni), et le 57e du parc nucléaire français. A terme, il doit alimenter en électricité environ deux millions de foyers.
Y. Rousseau--BTZ