Le chemin de croix d'Oudéa-Castéra passe par l'école Littré
Brocardée pour ses propos sur la scolarisation de ses enfants dans le privé, accusée d'avoir menti, Amélie Oudéa-Castéra a poursuivi son chemin de croix depuis sa nomination à l'Education nationale en allant visiter mardi, sous les huées, l'école publique d'où elle avait retiré son fils aîné.
La venue de à l'école Littré, située dans le cossu VIe arrondissement de Paris, avait été annoncée pour la "fin de matinée". Sans surprise, elle y était attendue par une trentaine de manifestants.
Sifflets, quolibets, casserolades ont accueilli "AOC", dont l'objectif était d'"aller à la rencontre des professeurs et l'équipe dirigeante de l'établissement" après cinq jours de polémique sur la scolarisation de ses enfants, qui entache ses premiers pas rue de Grenelle comme ceux du gouvernement piloté par Gabriel Attal, ex-ministre de l'Education nationale.
"Fais comme tes enfants, retourne dans le privé", lui avait lancé un des manifestants avant que celle-ci ne pénètre, visage fermé, dans l'école.
Nommée jeudi à la tête d'un super-ministère de l'Education nationale, de la Jeunesse, des Sports et des JO, la ministre est embourbée dans une polémique depuis des propos tenus vendredi lors d'un déplacement avec Gabriel Attal.
Tant son choix d'inscrire ses trois fils à l'école Stanislas, prestigieux établissement privé des beaux quartiers de la capitale, que ses motivations déclarées, à savoir "des paquets d'heures pas sérieusement remplacées" dans le public, ont provoqué un tollé.
"Depuis vendredi, j'ai tout entendu: les leçons de morale sur l’école publique de la part de ceux qui mettent leurs enfants dans l’école privée, l’agressivité de ceux qui rêveraient de raviver une guerre entre l’école publique et l’école privée", a-t-elle lancé mardi, interrogée par le député (LFI) Rodrigo Arenas lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale.
- "Eteindre le feu" -
"Maintenant, avançons", a-t-elle ajouté, affirmant vouloir aller "jusqu'au bout" sur "la problématique des remplacements".
Le journal Libération a mis à mal la défense de la ministre, contredite par une ex-enseignante. Cette dernière a démenti l'absence de professeurs invoquée par "AOC" pour avoir mis son fils aîné dans le privé après quelques mois en petite section de maternelle dans l'école Littré.
Cette enseignante - aujourd'hui retraitée - a indiqué que les parents voulaient que leur fils saute une classe, un souhait auquel cette école maternelle s'était opposée. Mme Oudéa-Castéra s'est entretenue lundi après-midi avec l'ex-professeure.
"Elle a, avant même de commencer, perdu la confiance non seulement des enseignants mais aussi des parents d'élèves. C'est extrêmement ennuyeux", a estimé le chef de file des députés PS Boris Vallaud.
"Je crois qu'elle ne peut plus rester à ce poste vu les propos qu'elle a tenus et le mépris envers les personnels", a renchéri son homologue LFI Mathilde Panot sur BFMTV-RMC.
"Elle essaie d'éteindre le feu en venant dans cette école mais ça va être très difficile", a déclaré à l'AFP Nathalie Dehez, enseignante de collège syndiquée à la FSU venue manifester devant l'école Littré. "Ce n'est pas qu'une enseignante qui a été attaquée mais l'ensemble du corps enseignant".
"Mon fils est entré dans cette école en septembre 2008 et a donc été scolarisé au même moment que le fils de la ministre", a expliqué Isabelle Broué qui se présente comme une ancienne déléguée des parents d'élèves de 2008 à 2020 à l'école Littré.
"Aujourd'hui, il y a des problèmes de remplacement dans beaucoup d'écoles mais à l'école Littré, en 2009, je peux vous assurer qu'il n'y avait aucun problème. La réalité que décrit la ministre ne correspond pas à la réalité que j'ai vécue", a-t-elle dit à l'AFP.
A. Walsh--BTZ