Macron veut poursuivre sa baisse de la fiscalité, et "avancer" sur les sujets nationaux
Emmanuel Macron a déclaré dimanche, dans un entretien-fleuve au journal L'Opinion, qu'il entendait poursuivre une politique de baisse de la fiscalité des classes moyennes, mais aussi tracer des perspectives pour les prochains mois sur l'immigration, l'école ou encore les retraites.
"Il faut avancer, construire un système de responsabilité, avec toutes les forces politiques et syndicales", a insisté le chef de l'Etat, qui s'exprimera également lundi soir lors d'une interview au 20h de TF1.
"On doit poursuivre une trajectoire de baisse de fiscalité sur nos classes moyennes pour (...) redonner de la crédibilité au travail", a argué le pensionnaire de l'Elysée dans son entretien à l'Opinion.
"Aujourd'hui, nous aidons beaucoup les gens qui sont dans le désarroi, qui ont décroché. Nous aidons beaucoup les bas salaires, et nous avons fait plus avec la prime d'activité", a poursuivi le chef de l'Etat, impopulaire après l'adoption au forceps de la réforme des retraites et qui essaie de reprendre la main.
"La fiscalisation des revenus des classes moyennes est trop importante et s'accélère trop vite. Elle écrase les gains de pouvoir d'achat entre 1.500 et 2.500 euros", a-t-il précisé. Côté entreprises, il estime que la France devrait se doter d'"un mécanisme qui permette d'améliorer les emplois industriels ou les emplois d'artisans et de commerçants".
Engagé depuis plusieurs jours dans une séquence axée sur la réindustrialisation, il a critiqué la dégradation de la note de la France par l'agence Fitch qui "se trompe profondément dans son analyse politique".
"Aurais-je décidé de renoncer à la réforme des retraites, j'aurais compris ces craintes. Mais nous avons fait la démonstration qu'on savait voter beaucoup de textes de loi avec cette majorité", a-t-il martelé.
- le dossier retraites pas "classé" -
Concernant un autre dossier sensible, celui de l'immigration, le chef de l'Etat a dit ne pas croire à la possibilité d'un référendum en cas d'échec des débats à venir au Parlement, pour des raisons constitutionnelles.
L'exécutif et la droite cherchent chacun de leur côté à prendre les commandes sur ce sujet. Élisabeth Borne a demandé au ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin de relancer des "concertations" pour un projet de loi, en vue d'un examen parlementaire à l'automne.
Les Républicains y participeront mais entendent lancer prochainement un processus législatif sur deux textes issus de leurs rangs, avec pour ambition d'imposer un texte plus dur que la copie de l'exécutif.
"Il y aura une mise de départ du gouvernement", a insisté Emmanuel Macron, appelant à "un moment de clarification", en visant LR, et en citant les "écologistes" et les "socialistes" comme interlocuteurs possibles durant les tractations.
"On regardera comment on peut l'enrichir, la compléter, la modifier, peut-être abandonner des bouts, afin de bâtir une majorité", a-t-il avancé.
Balayant plusieurs sujets nationaux, le président a défendu le "pacte enseignant" mais a aussi assumé de ne pas vouloir "réveiller de vieux conflits" sur l'école, après la présentation jeudi d'un plan sensiblement moins ambitieux qu'attendu par le ministre Pap Ndiaye sur la mixité sociale et scolaire.
Concernant la réforme des retraites, il a jugé que le dossier n'était pas "classé", en raison des dispositions censurées par le Conseil constitutionnel, notamment sur l'emploi des séniors.
Il a également regretté que son camp n'ait "pas réussi à expliquer suffisamment la nécessité de cette réforme", à quelques semaines de l'examen à l'Assemblée d'une proposition d'abrogation de la réforme portée par le groupe indépendant Liot.
Il a dépeint cette journée critique du 8 juin, comme l'occasion pour sa majorité "d'expliquer" le projet de loi, appelant les oppositions à "un débat où chacun devra prendre ses responsabilités et expliquer comment on finance".
D. Meier--BTZ