Verdict attendu au procès des rugbymen accusés d'un viol collectif
La cour d'assises de Gironde rend son verdict, vendredi, pour les ex-rugbymen de Grenoble qui répondent depuis deux semaines, à huis clos, d'un viol collectif pour lequel des peines de 12 à 14 ans de réclusion ont été requises.
Les jurés se sont retirés pour délibérer vers 11h00, après la dernière plaidoirie de la défense.
"Le doute est un principe fondamental et il doit bénéficier aux accusés. J'ai demandé qu'ils n'inversent pas ce paramètre et que l'on ne condamne pas avec le doute", a déclaré Me Denis Dreyfus, avocat du Français Loïck Jammes.
Pour le conseil, ce doute se fonde sur la première déclaration de la plaignante aux enquêteurs en 2017 et sur une vidéo filmée par un des accusés durant les faits.
"Depuis le début, il a été posé par celle qui se présente comme victime: +J'ai peur d'avoir été consentante+, un consentement qui pour nous éclate au grand jour lorsque l'on regarde cette vidéo, commentée par une policière qui décrit ces actes comme consentis et acceptés", a insisté Me Dreyfus.
Alors que les faits sont passibles de 20 ans de réclusion, l'avocat général en a réclamé 14 pour l'Irlandais Denis Coulson et le Français Loïck Jammes, 12 pour le Néo-Zélandais Rory Grice.
Quatre ans de prison ferme ont également été requis à l'encontre de l'Irlandais Chris Farrell et deux ans dont un avec sursis contre le Néo-Zélandais Dylan Hayes, auxquels la justice reproche d'avoir assisté à tout ou partie des faits sans intervenir.
- "Pilotage automatique" -
Le 12 mars 2017 au matin, la victime, âgée alors de 20 ans, avait quitté en larmes un hôtel de Mérignac, en périphérie de Bordeaux, où l'équipe de Grenoble avait séjourné après un match de Top 14 perdu contre Bordeaux-Bègles.
L'étudiante avait porté plainte, déclarant avoir rencontré des joueurs dans un bar et les avoir suivis en discothèque lors d'une soirée où l'alcool a coulé à flots, sans se souvenir de la suite. Elle ajoutait s'être réveillée le lendemain, nue sur un lit avec une béquille dans le vagin, entourée de deux hommes nus et d'autres habillés.
Coulson, Jammes et Grice ont maintenu au procès que la jeune femme était consentante, prenant même des initiatives.
En se basant notamment sur la vidéo filmée par Coulson, l'accusation évoque plusieurs fellations et l'introduction d'une banane, d'une bouteille et de béquilles dans le vagin de la victime.
D'après un expert toxicologique, elle aurait eu entre 2,2 et 3 grammes d'alcool par litre de sang. Selon des images de vidéosurveillance, elle tenait difficilement debout à son arrivée à l'hôtel, au point d'être "constamment maintenue" par un des accusés.
Les avocats de la défense, pour qui les réquisitions sont "très lourdes", ont martelé durant le procès que l'attitude de la jeune femme, qualifiée de "pilotage automatique" par un expert psychiatre, ne faisait "aucune ambiguïté" pour leurs clients.
Une position "insupportable" et "infâme" aux yeux de la partie civile.
K. Petersen--BTZ