Plusieurs rassemblements "pour l'emploi et l'industrie" en France
Des rassemblements et manifestations clairsemés "pour l'emploi et l'industrie" se tiennent jeudi dans plusieurs villes en France, avant la nomination d'un nouveau Premier ministre sommé de répondre à "l'urgence sociale" par la CGT, dans un contexte marqué par l'explosion des plans sociaux.
Les premiers cortèges de la journée semblaient quelque peu dégarnis, comme à Nantes, où 1.400 personnes, selon la préfecture, ont bravé un froid sec et mordant jeudi matin. Pour l'essentiel, il s'agissait de personnels du monde culturel dont les budgets locaux ont fortement baissé.
Parmi eux, Elodie Gauche, illustratrice de 41 ans, est venue "dénoncer les mesures d’économies qui vont avoir un impact direct sur la filière du livre et de l’édition dans la région".
Danielle Stervinou, ancienne vendeuse et retraitée de 73 ans, bat le pavé nantais pour défendre une revalorisation des petites retraites: "Je touche 759 euros par mois et avec l’inflation et les augmentations de toutes parts, j’ai l’impression que ma retraite ne cesse de régresser".
Plus tôt, Sophie Binet, leader de la CGT - deuxième centrale syndicale française -, avait annoncé "une journée de convergence avec la grève des cheminots contre le démantèlement du fret ferroviaire et celle des fonctionnaires qui demandent un budget à la hauteur des besoins" et exigent "un gouvernement qui réponde enfin à l'urgence sociale".
Côté rail, si un "trafic normal" est annoncé pour tous les TGV, de légères perturbations sont prévues pour les trains régionaux "avec en moyenne nationale huit trains sur dix". En Ile-de-France, les lignes les plus perturbées sont, comme souvent lors des grèves de cheminots, le RER D (un train sur trois en moyenne) et la ligne R du Transilien (un train sur cinq).
Les rassemblements, lancés par la CGT, rejointe par Solidaires et FSU, ont été initiés alors que les annonces de plans sociaux se succèdent dans les grandes entreprises (Auchan, Michelin, Vencorex, PPG...), chez des sous-traitants ou des petites structures, dans de nombreux secteurs (métallurgie, commerce, secteur public et associatif, banques et assurances, chimie...) un peu partout sur le territoire français.
La CGT avait dénombré le 27 novembre 286 plans sociaux. Elle en recense désormais 300, tout en reprenant les données du cabinet Altares qui comptabilise 300.000 emplois menacés ou supprimés.
- "Compliqué de se mobiliser" -
La leader de la CGT, présente aux côtés des salariés des Fonderies de Bretagne à Lorient (Morbihan), a regretté de nouveau "cette saignée industrielle (...) qui est le signe que la politique de l'offre est un naufrage". Elle a notamment appelé à "une action volontariste de l'Etat pour soutenir notre industrie", plaidant entre autres pour des "mesures permettant de baisser le prix de l'énergie" ou des mesures permettant aux salariés de "bloquer les licenciements".
Outre les 132 mobilisations qu'elle a initiées dans près de 80 départements, la centrale de Montreuil a encouragé, dès fin novembre, "les salariés à se mettre en grève et occuper leurs usines pour empêcher les licenciements".
Mais l'appel semble peu entendu par les salariés. "C'est compliqué de se mobiliser lorsqu'on sait qu'on n'a pas d'interlocuteurs en face", juge une source syndicale, sous couvert d'anonymat.
L'intersyndicale n'a pas pris position, divisée sur les stratégies à adopter, mais Solidaires et la FSU fonction publique ont rejoint le mouvement.
"Il n'est plus possible d'avoir la même politique tant vis-à-vis des agents de la fonction publique que des salariés qui subissent ces licenciements", relève Murielle Guilbert, codéléguée générale de Solidaires.
Force ouvrière a de son côté apporté son soutien à "toutes les initiatives et mobilisations déjà décidées" par ses troupes localement.
A Paris, où trois organisations syndicales (CGT, FSU et Solidaires) de la fonction publique ont décidé d'une nouvelle journée de mobilisation, une manifestation au départ de la place de la Bastille s'est élancée à 14 heures.
Dans la branche électrique et gazière, la grève est reconduite chez GRT Gaz dont les salariés s'étaient déjà fortement mobilisés il y a une semaine.
C. Fournier--BTZ