"Aucune blessure" sur Morgane, le suspect déjà poursuivi pour "soustraction de mineure"
Morgane, 13 ans, retrouvée mardi "saine et sauve" dans la Manche deux semaines après sa disparition, ne présentait "aucune lésion" a fait savoir mercredi le procureur de Saint-Brieuc, qui a révélé que l'homme de 21 ans qui avait hébergé l'adolescente était déjà poursuivi pour "soustraction" d'une mineure de 14 ans.
Le suspect, toujours en garde à vue mercredi, sera vraisemblablement présenté jeudi devant le juge d'instruction. Le procureur de la République de Saint-Brieuc Nicolas Heitz a annoncé en conférence de presse qu'il demandera son placement en détention provisoire pour éviter tout "risque de réitération".
Cet employé de bijouterie originaire de l'Ille-et-Vilaine, au parcours personnel et scolaire "complexe", "devait comparaître ce (mercredi) matin devant le tribunal correctionnel de Beauvais" pour "soustraction de mineure" sur une adolescente de 14 ans de l'Oise en avril 2024, a précisé M. Heitz.
Selon les déclarations du jeune homme rapportées par le magistrat, Morgane, rencontrée sur le réseau social Snapchat trois mois auparavant, l'avait contacté le dimanche 24 novembre, lui faisant part d'une altercation avec ses parents et "d'intentions suicidaires".
L'élève de 4e s'était disputée avec ses parents au sujet de son usage des réseaux sociaux. Son père avait cassé son téléphone et confisqué sa carte SIM.
Tôt le lendemain, le suspect prenait la route vers Pabu, dans les Côtes-d'Armor, pour se rendre à l'adresse indiquée par l'adolescente, qui montait dans sa voiture en lui demandant de partir.
Il l'a alors conduite dans sa chambre du foyer de jeunes travailleurs (FJT), en périphérie de Coutances, ville de la Manche située à quelque 200 km de la commune d'origine de l'adolescente, où elle a été retrouvée mardi.
Le procureur a fait savoir que le gardé à vue et Morgane ont tous deux nié avoir eu une relation sexuelle.
- Soins psychiatriques -
Actuellement hospitalisée, Morgane, qui sera de nouveau entendue par des enquêteurs, a dit "s'être disputée avec la personne interpellée qui lui avait porté des coups sur la tête" quand elle se serait plainte d'avoir faim et qu'il ne s'occupait pas assez d'elle, a détaillé le procureur.
L'adolescente a dit ne pas pouvoir sortir de la chambre située en rez-de-chaussée, dont les volets étaient fermés et la porte fermée à clé, mais qui pouvait se déverrouiller de l'intérieur. La collégienne avait accès à un ordinateur connecté à internet.
Le suspect a expliqué avoir fait par le passé "plusieurs tentatives de suicide et avoir été hospitalisé en soins psychiatriques", a encore indiqué Nicolas Heitz.
La disparition de Morgane avait suscité une "vraie angoisse" au sein de Pabu et un important déploiement de moyens.
C'est le témoignage lundi d'une femme résidant en Gironde, chez qui le jeune homme s'était présenté dans la nuit du 7 au 8 décembre comme un ami de son fils et qui "semblait souhaiter laisser la jeune fille et repartir seul", qui a permis de retrouver la trace de Morgane.
Les parents de Morgane, qui avaient multiplié sur Facebook les messages à l'adolescente et à d'éventuels témoins durant les recherches, ont publié mercredi un mot de remerciement à toutes les personnes qui les ont soutenus "dans ces moments très difficiles".
Le présence de la collégienne dans ce FJT semble avoir échappé au personnel comme aux résidents.
Le bâtiment "accueille des jeunes majeurs de 18 à 30 ans et quelques mineurs", explique Emmanuelle Leprovost, de la mairie de Coutances. "Il y a une présence 24h/24, ils ne sont jamais seuls."
A Pabu, le commandant de la compagnie de gendarmerie de Guingamp Jean-Baptiste Gautier est celui qui a annoncé "l'heureuse nouvelle" à la famille de Morgane.
"C'est un beau moment de ma carrière", confie-t-il à l'AFP. "C'est aussi beaucoup de soulagement, parce qu'on a beaucoup travaillé pour la retrouver."
L'enquête avait mobilisé "70 gendarmes, un groupe judiciaire de 22 enquêteurs", avec à la clé "plus de 110 auditions réalisées et plus de 1.000 personnes interrogées", a précisé la gendarmerie nationale sur X.
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P. Hansen--BTZ