L'emploi rebondit en novembre aux Etats-Unis, après des grèves et ouragans
Les créations d'emplois ont rebondi plus qu'attendu aux Etats-Unis en novembre, mais le taux de chômage a légèrement grimpé, au lendemain de l'élection présidentielle, et après des grèves et ouragans qui avaient plombé les chiffres en octobre.
En novembre, 227.000 emplois ont été créés, contre 36.000 en octobre - chiffres révisés à la hausse -, a annoncé vendredi le département du Travail, tandis que le taux de chômage grimpe à 4,2% (+0,1 point), comme prévu.
Les analystes tablaient sur 214.000 créations d'emplois, selon le consensus de Market Watch.
"L'emploi a connu une tendance à la hausse dans les soins de santé, les loisirs et l'hôtellerie, les emplois publics et le secteur social. Le commerce de détail a perdu des emplois", a détaillé le département du Travail dans son communiqué.
L'emploi avait souffert, en octobre, du passage de deux ouragans dévastateurs, ainsi que de la grève chez Boeing. Grévistes et personnes au chômage technique sont en effet comptabilisés aux États-Unis comme étant sans emploi.
Cependant, le rebond de novembre n'est que "modéré", a averti Kathy Bostjancic, cheffe économiste pour la compagnie d'assurances Nationwide.
Joe Biden a toutefois salué cette progression: "le retour de l'Amérique continue", a-t-il déclaré dans un communiqué, assurant que "la reprise a été âpre, mais nous réalisons des progrès pour les familles qui travaillent".
Le président démocrate quittera la Maison Blanche le 20 janvier, et passera la main au républicain Donald Trump.
- "Feu vert" -
"Le marché du travail reste en ralentissement", a commenté Julia Pollak, cheffe économiste pour le site d'annonces d'emplois ZipRecruiter.
Elle relève néanmoins "des raisons d'être optimistes et prudents", car "les salaires augmentent, le marché boursier reste robuste et la baisse des taux d'intérêt pourrait à terme stimuler l'embauche".
La Banque centrale américaine, la Fed, suit à la loupe les chiffres de l'emploi, car ses missions sont d'assurer la stabilité des prix et le plein emploi.
Elle veut éviter une hausse du chômage, et pourrait donc abaisser de nouveau son principal taux directeur lors de sa prochaine réunion, les 17 et 18 décembre.
Des taux plus bas rendent l'accès au crédit plus abordable, et évitent de trop ralentir l'activité économique.
Ces chiffres de l'emploi "donnent le feu vert" à la Fed, estime Samuel Tombs, chef économiste pour Pantheon Macroeconomics.
C'est également l'avis de Kathy Bostjancic, qui juge que "la croissance lente et concentrée de l'emploi (...) conforte notre hypothèse selon laquelle la Fed devrait encore abaisser ses taux de 25 points de base", soit un quart de point de pourcentage".
- Chômage vs inflation -
Mais, à l'inverse, la Fed s'inquiète aussi d'un éventuel rebond de l'inflation. Et une hausse trop forte des salaires peut en effet empêcher les prix de se stabiliser.
"En novembre, le salaire horaire moyen (...) a augmenté de 13 centimes, ou 0,4%, à 35,61 dollars", et la hausse a été de 4% sur un an, a précisé le département du Travail.
Le seul secteur privé a vu une accélération de la hausse des salaires en novembre, pour la première fois depuis deux ans,à 4,8% contre 4,7%, selon l'enquête mensuelle ADP/Stanford Lab publiée mercredi.
"Les salaires sont le pont entre le marché du travail et l'inflation", avait souligné Nela Richardson, cheffe économiste d'ADP.
La hausse "semble minime, mais cette reprise signifie que nous nous stabilisons à un taux de croissance des salaires plus élevé qu'avant la pandémie", a-t-elle ajouté, jugeant cela peu compatible avec une inflation à 2%, qui est l'objectif fixé par la Fed.
L'inflation a d'ailleurs rebondi en octobre, à 2,3% sur un an, contre 2,1% en septembre, selon l'indice PCE, privilégié par la Fed.
Et les hausses généralisées de droits de douane promises par Donald Trump risquent également de tirer les prix à la hausse, alertent de nombreux économistes.
T. Jones--BTZ