Wall Street termine en baisse, prisonnière de l'incertitude
La Bourse de New York a terminé en baisse vendredi, paralysée par l'incertitude liée à la crise ukrainienne, mais aussi à l'inflation et à la normalisation monétaire de la Banque centrale américaine (Fed).
Le Dow Jones a lâché 0,68% pour finir à 34.079,18 points, l'indice Nasdaq, à majorité technologique, a perdu 1,23% à 13.548,06 points, et l'indice élargi S&P 500, 0,72%, à 4.348,87 points.
Les grands indices de la place new-yorkaise ont enregistré une seconde semaine de pertes consécutive, "les inquiétudes géopolitiques demeurant le principal catalyseur négatif" de Wall Street, ont écrit, dans une note, les analystes de Schwab.
Selon un responsable américain, la Russie dispose désormais de 190.000 hommes aux abords de l'Ukraine et sur son territoire, prêts à une attaque, en comptant les forces séparatistes prorusses.
Le président russe Vladimir Poutine s'est dit prêt, vendredi, à "suivre la voie de la négociation", tout en indiquant qu'il n'accepterait pas de compromis, demandant aux Etats-Unis et à l'Otan d'accéder à ses demandes.
Illustration de l'aversion actuelle pour le risque le taux des emprunts d'État américains à 10 ans continuait de se replier, à 1,92% contre 1,96% la veille, et surtout 2,06% mercredi, son plus haut niveau depuis fin juillet 2019. Les taux des obligations évoluent en sens opposé de leurs prix.
"Vu la tendance baissière sur laquelle nous sommes, il est très difficile de trouver des acheteurs sur ce marché", a estimé Maris Ogg, présidente de la société de gestion Tower Bridge Advisors. "Donc les vendeurs ont la main."
Pour autant, a-t-elle nuancé, l'heure n'est pas à la panique, mais "vous ne trouvez pas grand-monde pour acheter". Ce d'autant que Wall Street se prépare à un week-end férié ce qui tend à limiter les prises de position.
Les marchés américains seront fermés lundi, jour férié aux Etats-Unis (Presidents' Day).
Le Dow Jones a atteint vendredi sont plus bas niveau en clôture depuis deux mois et demi (1er décembre). Depuis son pic, en clôture toujours, du 4 janvier, l'indice phare de la Bourse de New York a abandonné 7,3%.
La trajectoire est bien plus marquée pour le Nasdaq, qui a perdu 16,4% depuis son sommet historique du 22 novembre.
"On n'en est pas encore à la phase où on balance et où les actions deviennent ridiculement bon marché", considère Maris Ogg.
Les indices "sont encore retenus par les grosses capitalisations, comme Apple, mais si les gros se mettent à tomber, cela peut entraîner le marché beaucoup plus bas", a averti Adam Sarhan, fondateur et directeur général de 50 Park Investments.
L'expiration des options (instruments financiers donnant la possibilité d'acheter ou non une action à une date et un prix donné) de février, vendredi, était susceptible de favoriser encore un peu plus des mouvements de marchés.
Le fabricant de semi-conducteurs Intel a dégringolé (-5,32% à 45,04 dollars), au lendemain d'une présentation aux investisseurs lors de laquelle l'entreprise a indiqué ne pas prévoir d'amélioration sensible de ses marges avant 2025.
Malmené par la concurrence, Intel cherche à se repositionner sur le marché des microprocesseurs en investissant massivement dans de nouvelles usines, en Europe et aux États-Unis.
Le groupe a été accompagné dans chute par d'autres valeurs technologiques, comme le fabricant de cartes graphiques Nvidia (-3,53%) ou l'éditeur de logiciels Adobe (-3,31%).
Le groupe américain de conditionnement et de transformation de viande de poulet Pilgrim's Pride était fui (-13,65% à 24,03 dollars) après le renoncement du géant brésilien du secteur JBS à acquérir le solde des titres qu'il ne détenait pas encore (il contrôle déjà 80% environ du capital).
Le spécialiste des engins de chantier, tracteurs et équipements de jardinage Deere a fait marche arrière (-3,00% à 369,10 dollars) malgré un chiffre d'affaires et un bénéfice supérieurs aux attentes, assortie d'une révision à la hausse de sa prévision de revenus pour l'année en cours.
Le groupe de Moline (Illinois) a néanmoins vu son bénéfice reculer et fait état de coûts en hausse, dû notamment à des augmentations de salaire après une grève cet automne.
K. Berger--BTZ