Hidalgo desserre l'étau pour sa "zone apaisée" du centre de Paris
Permettre un temps de concertation, élargir les catégories de véhicules autorisées : la mairie de Paris a assoupli jeudi son projet de "zone apaisée" dans le centre de la capitale, où le trafic de transit sera interdit début 2024.
Ce projet-phare de la deuxième mandature de la maire PS Anne Hidalgo, réélue en 2020 après avoir gagné son bras de fer pour piétonniser les voies sur berge de la Seine, avait été annoncé en mai 2021 pour la mi-2022.
Objectif de cette "zone à trafic limité" (ZTL), rebaptisée "zone apaisée": réduire drastiquement la place de la voiture dans l'hypercentre de la capitale - quatre premiers arrondissements, plus les parties des Ve, VIe et VIIe situées entre le boulevard Saint-Germain et la Seine - via l'interdiction du trafic de transit, qui représente 50% du trafic actuel, a rappelé jeudi David Belliard, l'adjoint (EELV) à la transformation de l'espace public.
Il y a dans cette zone entre 350.000 et 550.000 déplacements par jour au total, a-t-il souligné.
Mais pour "rassurer ceux qui sont inquiets", la majorité de gauche a décidé de reporter la mise en oeuvre à début 2024, juste à temps pour les Jeux olympiques que la Ville Lumière doit accueillir, a annoncé le premier adjoint (PS) Emmanuel Grégoire.
Le temps de saisir l'Autorité environnementale, de réaliser une étude d'impact pour éviter "les goulots d'étranglement par effets de report", selon M. Grégoire, et une enquête publique qui doit associer, outre le quidam, les autorités de transports, commerçants et grands magasins.
- VTC autorisés -
"Il leur a fallu plus de six mois pour se rendre compte que ce n'est pas faisable" dès 2022, a commenté à l'AFP Aurélien Véron, porte-parole des élus LR de la capitale. Le maire LR du VIe arrondissement, Jean-Pierre Lecoq, a lui salué "une véritable enquête publique" alors que la concertation menée jusqu'ici "était très légère".
Si la mairie prend son temps, elle a néanmoins une idée déjà assez précise de sa "zone apaisée" dans laquelle seront toujours autorisés les riverains, commerçants, personnes à mobilité réduite, employés ou personnes "se rendant au théâtre ou chez des amis", véhicules de secours, bus, vélos, taxis, VTC ou véhicules en autopartage, a listé David Belliard.
L'acceptation des VTC sera conditionnée à un "engagement de la profession sur le verdissement de la flotte", a souligné M. Belliard.
Sur ce point, salué par Uber, comme sur l'autorisation du "trafic de destination" - les véhicules extérieurs qui auront "quelque chose à faire dans la zone", résume David Belliard -, la mairie a finalement choisi "garder un peu d'oxygène dans ce serrage d'étau", estime M. Véron.
"N'importe qui dans le monde pourra venir dans le centre de Paris pour y venir faire ses courses", a ainsi clarifié le premier adjoint (PS) Emmanuel Grégoire. "Il est apparu très clairement que c'était souhaité par une majorité de gens", a expliqué Ariel Weil, maire PS de Paris Centre qui rappelle avoir été élu sur ce projet.
- Le préfet est contre -
Pour faire respecter cette zone apaisée, la mairie envisage des points de contrôle aléatoires à la sortie, sur justificatif (macarons, tickets de caisse ou de stationnement).
M. Grégoire, qui veut "d'abord faire de la pédagogie avant de passer à la verbalisation", souhaite des systèmes de contrôle "les plus simples possibles".
"C'est une ZTL light à laquelle je suis assez favorable", a commenté M. Lecoq. Pas le préfet de police Didier Lallement qui, en revanche, a fait immédiatement connaître ses "fortes réserves sur le projet tel qu'envisagé".
Le représentant de l'Etat craint "des difficultés pour la circulation des services de secours et de police en périphérie de la zone" et un "impact négatif pour l'activité économique de la capitale".
Autre pierre d'achoppement : la mise en double sens du boulevard Saint-Germain à laquelle s'opposent les maires de droite concernés par cet axe. Une "hérésie totale", juge M. Lecoq pour qui l'on risque de "récréer un périphérique à l'intérieur de Paris".
U. Schmidt--BTZ