Stromae, avec son avatar, lance les Victoires de la musique
Avec lui, il se passe toujours quelque chose: Stromae, président d'honneur, a interprété son titre "Santé" avec un avatar, en ouverture des 37e Victoires de la musique vendredi, avant les prestations attendues des grands favoris OrelSan et Clara Luciani.
Un double de Stromae, façon film d'animation sur les écrans géants derrière lui, a ainsi montré au public les gestes à faire sur la chorégraphie de ce morceau, accompagnant les mouvements du chanteur sur la scène.
La prestation de Stromae donne un avant-goût du lancement de sa tournée-évènement fin février, qui devrait s'articuler autour de tableaux et faire appel aux nouvelles technologies, selon ce qu'il laisse filtrer au compte-goutte.
"Multitude", son nouvel album, un des plus attendus cette année, sortira le 4 mars. Mais comme le Belge ne fait rien comme tout le monde, il livrera ses nouvelles chansons en avant-première au public de ses trois premiers shows à Bruxelles le 22 février, Paris le 24 février et Amsterdam le 27 février.
Les billets de ces trois premiers concerts ont été écoulés dans leur totalité en un quart d'heure seulement le jour de leur mise en vente le 3 décembre, avait fait savoir sa maison de disque.
Aux Victoires, il y a un président d'honneur et une Victoire d'honneur est également décernée. Cette année, elle revient à Jacques Dutronc, 78 ans (c'était Jane Birkin l'an passé), remise par son fils Thomas, pour l'ensemble de sa carrière.
- Critiques -
Mais il y a surtout une compétition. L'an dernier, Benjamin Biolay fut le grand vainqueur avec deux trophées (artiste masculin et album) pour son disque "Grand Prix". Pour cette 37e édition, OrelSan et Clara Luciani partent en pole position avec quatre nominations chacun: artiste (masculin, féminine), album, chanson et création audiovisuelle.
Rien d'illogique. "Civilisation", d'OrelSan, est l'album le plus vendu en France en 2021. Quant au "Cœur" de Clara Luciani, il a fait aussi bien palpiter les scènes élitistes que le grand public.
Mais si on ajoute Juliette Armanet et le groupe Feu! Chatterton (postulant à trois catégories chacun), on arrive à quatorze nominations entre quatre artistes.
Ce qui soulève des critiques sur une cérémonie accusée de ne pas refléter la diversité de la scène actuelle.
"Ma plus belle victoire, c'est de vivre de ma passion, le reste +balec+ (contraction argotique de +je m'en bats les couilles+)", a twitté Eddy de Pretto, aucune nomination. Grand Corps Malade, également bredouille, s'est dit "très déçu" dans "Sept à huit" sur TF1.
- Nouveaux prix -
Ces dents qui grincent ne perturbent pas la ministre de la Culture Roselyne Bachelot, présente à la cérémonie à la Seine Musicale, en région parisienne. "Ce n'est pas mon boulot de nourrir la polémique. Je ne suis pas présidente des Victoires", a-t-elle d'abord déclaré devant la presse. "Les Victoires sont un spectacle populaire avec de belles audiences. Certains les critiquent mais je ne boude pas mon plaisir. Je suis venue pour faire la fête", a ajouté la responsable politique.
"J'aime l'opéra mais cela n'empêche pas d'aimer d’autres genres, a poursuivi la ministre. J'aime beaucoup Juliette Armanet et son +Dernier jour du disco+ (un des titres phares de son album). J'aime beaucoup aussi L'Impératrice". Ce groupe composé d'une chanteuse et de cinq musiciens est nommé dans la catégorie révélation féminine, une des petites bizarreries de la soirée.
Cette année, les Victoires ont toutefois fait quelques pas en avant pour coller davantage à leur époque. Ainsi, des stars plébiscitées par les jeunes audiences, Aya Nakamura et le rappeur SCH, doivent recevoir des prix nouvellement crées (et non soumis au vote des professionnels et du grand public) pour l'album le plus streamé (artiste féminine et masculin).
O. Petrow--BTZ