Devant le siège de Carrefour, des producteurs d'œufs réclament une "revalorisation des prix"
Une centaine de producteurs d’œufs ont manifesté vendredi matin devant le siège de Carrefour à Massy (Essonne) pour demander à la grande distribution "une revalorisation des prix" et une "prise en compte des coûts de production" en hausse, a constaté une journaliste de l'AFP.
Peu avant 11H00, des centaines d’œufs ont été lancés sur les vitres du bâtiment par ces producteurs, venus majoritairement de l'Ouest de la France.
Comme Romain et Thomas, producteurs dans une exploitation familiale à Somloire, dans le Maine-et-Loire. "On est venu réclamer à Carrefour une revalorisation du prix, on connaît une baisse des revenus depuis qu'on a commencé en 2010", expliquent les deux frères, qui ont notamment 80.000 poules pondeuses et produisent 550.000 œufs par semaine.
Selon les syndicats de la filière, les producteurs d’œufs sont confrontés à une "forte augmentation" des coûts de production causée notamment par "la hausse continue du prix des matières premières composant l'alimentation des poules pondeuses".
"Il y a une hausse (du prix) des matières premières depuis l'été dernier, sans compter les coûts de production de l'énergie", lance également Emmanuel, à la tête d'un élevage de 42.000 poules pondeuses dont 12.000 bios, dans les Deux-Sèvres.
Les producteurs demandent une revalorisation de deux centimes d'euros par œuf et cinq centimes pour le bio.
Ils dénoncent également "le non-respect total de la loi Egalim 2" par les distributeurs, expliquent la CFA, l'Union des groupements de producteurs de viande de Bretagne (UGPVB) et la FRSEA Bretagne.
Et ils estiment que Carrefour est l’enseigne la plus réticente à intégrer ces hausses de charges, raison pour laquelle elle a été prise pour cible vendredi.
- "Vital de rehausser les prix" -
Carrefour a reçu vendredi une délégation de ces producteurs lors d'une réunion au "climat très cordial", selon le groupe.
Le distributeur dit s'être "engagé sur une revalorisation de prix et sur l'indexation automatique trimestrielle de l'indice Itavi", reconnu par la filière et qui mesure le coût des matières premières nécessaires pour alimenter les volailles.
Nuance toutefois, les producteurs veulent prendre pour base de référence l'indice Itavi d'août 2020, quand le prix des matières premières a commencé à grimper, mais les représentants de Carrefour "ne nous disent pas quelle date est prise en compte pour mesurer l'augmentation", ont déclaré les producteurs à l'issue de la réunion.
En tout cas, la loi Egalim 2 "est appliquée strictement" par Carrefour, a affirmé le groupe à l'AFP.
Cette loi, adoptée en urgence par le gouvernement fin 2021, est censée notamment écarter du jeu des négociations entre grande distribution et industriels, la part revenant aux agriculteurs.
Depuis plusieurs semaines, les négociations commerciales sont très tendues entre l'agroalimentaire et les supermarchés. De grands groupes comme Danone, Fleury Michon ou McCain, des PME, tous sont en train de négocier avec les centrales d'achats des supermarchés les prix auxquels leur production sera achetée. La date butoir de ces négociations est le 1er mars.
"C'est vital de rehausser les prix car sans cette revalorisation, on ne pourra pas passer l'année 2022", estime Frédéric Chartier, président de la section œufs de l'UGPVB et producteur dans les Côtes-d'Armor.
P. Rasmussen--BTZ