Nordahl Lelandais confronté aux images de Maëlys dans sa voiture
Nordahl Lelandais a été confronté jeudi lors de son procès pour le meurtre de Maëlys à des images de vidéosurveillance montrant la fillette dans sa voiture et a répété qu'elle y était montée de son plein gré.
"Cette forme blanche c'est bien Maëlys?", interroge la présidente Valérie Blain en se tournant vers l'accusé, après le visionnage par la cour d'assises de l'Isère d'images datant de la nuit de sa disparition, en ce quatrième jour de procès.
"Oui madame la présidente", répond poliment depuis son box vitré. Selon lui la fillette lui a demandé s'il allait voir ses chiens et "est montée à l'avant". "Spontanément ?", s'étonne la présidente.
L'ancien militaire de 38 ans est jugé depuis lundi pour le meurtre précédé de l’enlèvement et de la séquestration de cette fillette de 8 ans en , ainsi que pour des agressions sexuelles à l'encontre de deux de ses petites-cousines au cours du même été. Il a admis avoir tué "involontairement" Maëlys en lui portant des coups très violents.
"C'est dans les 2 ou 3 minutes qui suivent que Maëlys va pleurer. Pourquoi ?", questionne ensuite la présidente.
- "C'est après que Maëlys a reçu les coups ?"
- "Oui madame".
L'accusé devrait à nouveau être interrogé plus en profondeur sur les faits dans les prochains jours. Le père, la sœur et la grand-mère de Maëlys ont quitté la salle d'audience au moment du visionnage des vidéos.
- "On y a cru" -
La journée de jeudi était intégralement consacrée à l'audition d'enquêteurs ainsi que d'un expert de la police scientifique.
Entendu toute la matinée et une bonne partie de l'après-midi, vidéos et divers documents à l'appui, le directeur d'enquête a expliqué que Nordahl Lelandais avait "rapidement (été) identifié" comme suspect par les enquêteurs.
Selon lui, les gendarmes avaient un temps espéré pouvoir retrouver la fillette vivante dans les premières phases de l'enquête et "n'ont pas compté leurs heures" pour y parvenir.
"On y a cru, peut-être naïvement", a-t-il reconnu.
Les "mensonges" de l'accusé ont grandement compliqué la tâche des enquêteurs, a noté le gendarme de 48 ans. Lelandais a fait preuve de "sang froid, de minutie, il a effacé ses traces dans son véhicule, ses traces téléphoniques", a-t-il relevé.
Placé en garde à vue une première fois dès le 31 août 2017, Nordahl Lelandais va plusieurs fois changer de version au fil des progrès de l'enquête. Il n'avouera avoir tué la fillette que plusieurs mois plus tard, lorsqu'une tache de sang appartenant à l'enfant sera retrouvée dans le coffre de sa voiture.
Le gendarme est aussi revenu sur la découverte au cours de l'enquête de deux vidéos en gros plan de "doigts caressant le sexe d'une fillette".
Les deux fillettes ont été identifiées comme étant des petites-cousines. L'accusé est également jugé pour ces agressions sexuelles, ainsi que pour détention et enregistrement d'images pédopornographiques.
- Drogues et sexe -
Dans la matinée, l'avocat de la défense, Me Alain Jakubowicz avait vivement contesté que son client ait consulté des sites pédopornographiques dans les jours précédant la disparition de Maëlys. L'accusé pour sa part répète qu'il ne s'est "jamais" rendu sur des sites de ce type.
L'avocat s'est par ailleurs ému que "circulent actuellement sur Facebook des images de cette audience", et avait dénoncé un "emballement délirant" autour de ce procès. Une enquête a été ouverte par le procureur de la République de Grenoble, Éric Vaillant.
Lors des trois journées précédentes, la cour s'était concentrée sur l'examen de sa personnalité, et l'avait notamment entendu mercredi après-midi sur son parcours de vie pendant près de cinq heures.
Il s'y était présenté comme un homme "perdu" après l'échec de sa carrière militaire en 2005 et qui avait alors commencé "à se laisser aller", glissant dans des addictions aux drogues et au sexe.
Déjà condamné à Chambéry en mai 2021 à 20 ans de réclusion pour le meurtre du jeune caporal Arthur Noyer, Nordahl Lelandais n'avait pas fait appel. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Verdict attendu autour du 18 février.
F. Schulze--BTZ