Les débats s'ouvrent au procès d'Alec Baldwin pour homicide involontaire
Le procès de l'acteur américain Alec Baldwin pour le tir qui a coûté la vie à la directrice de la photographie du western "Rust", Halyna Hutchins, est entré mercredi dans le vif du sujet, l'accusation lui reprochant d'avoir "violé les règles fondamentales" de sécurité.
Le comédien de 66 ans, poursuivi pour homicide involontaire, risque jusqu'à 18 mois d'emprisonnement.
Dans un ranch au Nouveau-Mexique (sud-ouest) où se déroulait le tournage en octobre 2021, la star avait brandi une arme censée ne contenir que des balles à blanc mais qui avait tiré un projectile bien réel, tuant la directrice de la photographie et blessant le réalisateur, Joel Souza.
Devant le tribunal de Santa Fe, capitale de l'Etat, la procureure Erlinda Ocampo Johnson a présenté mercredi l'accusé comme une vedette capricieuse qui a négligé les règles de sécurité de base sur le maniement des armes.
L'acteur a joué à "faire semblant avec un vrai pistolet et violé les règles fondamentales de sécurisation des armes à feu", a-t-elle déclaré à l'intention du jury.
Alec Baldwin, vêtu d'un costume et d'une cravate sombres, assistait à l'audience en compagnie de sa femme Hilaria et de l'un de ses frères, Stephen, également acteur.
Son avocat Alex Spiro devrait arguer que son client est lui-même victime dans cette affaire et qu'il ne lui appartenait pas de vérifier si l'arme était chargée.
L'affrontement entre les deux parties promet d'être animé car le procès repose sur une enquête marquée par de nombreuses faiblesses et rebondissements.
L'acteur a toujours expliqué qu'on lui avait assuré que l'arme était inoffensive et nie avoir appuyé sur la détente. Ses avocats ont multiplié les recours pour tenter d'annuler les poursuites, en vain.
Leur ténacité a pendant de longs mois semé le doute dans les rangs de l'accusation. Ils ont d'abord obtenu un changement de procureur, puis un abandon des poursuites en 2023, avant que l'acteur ne soit finalement de nouveau inculpé en janvier.
Pour la défense, M. Baldwin est une sur laquelle des procureurs tentent de se faire un nom, dans une affaire suivie par les médias du monde entier.
L'enquête n'a jamais établi comment des munitions réelles - en principe interdites - ont atterri sur le plateau.
- Répercussions dans l'industrie du cinéma -
Le parquet prévoit de brosser le portrait d'un acteur insupportable, dont le comportement de diva et le mépris des règles élémentaires de sécurité a mis en danger toute l'équipe de tournage.
L'accusation estime également que l'acteur a "menti éhontément", en faisant évoluer sa version des faits après son premier interrogatoire. Elle juge l'hypothèse d'un tir accidentel, au cœur de sa ligne de défense, "absurde".
Une expertise de la police fédérale américaine, le FBI, avait conclu que le pistolet n'avait pas pu faire feu sans une pression sur la détente.
Mais la défense la conteste car la police fédérale a endommagé certaines parties de l'arme en faisant des tests pour explorer la piste d'un tir intempestif. Les avocats de la star en avaient même fait un argument central pour tenter de faire annuler le procès.
La mort d'Halyna Hutchins, talentueuse directrice de la photographie de 42 ans originaire d'Ukraine, qui avait participé à des documentaires d'investigation, a profondément choqué l'industrie du cinéma.
L'armurière de "Rust", Hannah Gutierrez-Reed, qui avait placé la balle dans la reproduction du pistolet d'époque utilisée par M. Baldwin, a écopé de 18 mois d'emprisonnement en avril, à l'issue d'un procès très suivi aux Etats-Unis.
Le sort réservé à Alec Baldwin sera également scruté de près: sa condamnation créerait un précédent susceptible de dissuader d'autres acteurs d'utiliser des armes réelles en tournage.
Les audiences doivent durer jusqu'au 19 juillet, avant les délibérations des jurés.
C. Fournier--BTZ