L'Islande autorise la chasse à la baleine jusqu'en 2029
Seul pays avec la Norvège et le Japon à autoriser la chasse à la baleine, l'Islande a permis jeudi à deux de ses baleiniers de poursuivre cette pratique controversée pour les cinq prochaines années.
L'arrestation fin juillet au Groenland du défenseur américano-canadien des baleines Paul Watson a remis en lumière cette pratique, objet d'un moratoire depuis 1986 mais qui reste défié par trois pays, tuant chaque année autour de 1.200 baleines, selon la Commission baleinière internationale (CBI).
En Islande, le permis autorise la prise annuelle de 209 rorquals communs - dont 48 dans une zone qui n'est en fait pas fréquentée des pêcheurs - et de 217 baleines de Minke (aussi appelées petits rorquals) par saison, laquelle s'étend de mi-juin à septembre, a annoncé le gouvernement, démissionnaire après avoir perdu les élections législatives de samedi.
Traditionnellement délivré pour cinq ans, le permis était arrivé à échéance en 2023 et le seul baleinier actif, Hvalur, demandait chaque année une prolongation annuelle, qui lui était accordée mais tardivement dans la saison.
"La gestion de l'utilisation des ressources marines vivantes en Islande est soumise à des limites strictes", assure le ministère de la Pêche et de l'Alimentation dans son communiqué alors que la majorité de la population est opposée à cette pratique.
En 2023, 51% des Islandais étaient contre la chasse à la baleine, une hausse de neuf points sur quatre ans, selon une enquête réalisée par l'institut Maskína et publiée début juin 2023.
Longtemps prisée des Islandais, la viande de baleine a notamment beaucoup moins la cote dans leurs assiettes.
- Harpons explosifs -
L'an dernier, le pays avait suspendu la chasse à la baleine pendant deux mois à la suite d'une enquête du gouvernement, qui a conclu que les méthodes utilisées n'étaient pas conformes aux lois sur le bien-être animal.
Les contrôles effectués par l'agence vétérinaire publique ont démontré que les harpons explosifs utilisés par les chasseurs provoquaient des agonies de plusieurs heures.
Le gouvernement avait ensuite autorisé la reprise de la chasse avec des restrictions sur les méthodes utilisées et la présence d'inspecteurs officiels à bord, filmant chaque prise de cétacé.
La saison 2023 n'avait duré que trois semaines, avec la prise de seulement 24 rorquals communs, sur un quota de 209 possibles.
L'autre baleinier, Tjaldtanga ehf. est autorisé à chasser la baleine de minke. Aucune prise n’a été enregistrée depuis l'été 2018, l'entreprise IP Utgerd seule à le faire jusqu'alors jugeait l'activité trop coûteuse.
Les associations écologistes se sont insurgées face à cette décision prise par un gouvernement censé gérer les affaires courantes.
"La démocratie n'est pas respectée et la délivrance du permis porte atteinte aux intérêts du climat, de la nature et du bien-être des animaux", ont protesté dans un communiqué commun l'association islandaise de l'environnement et les Jeunes environnementalistes.
La dernière estimation effectuée en 2015 par le Marine and Freshwater Research Institute islandais recense quelque 35.000 rorquals communs dans les eaux de l'est du Groenland/ouest de l'Islande.
Longtemps fortement dépendante de la pêche et de la chasse à la baleine, l'économie de l'île de l'Atlantique nord compte désormais beaucoup sur son industrie touristique, les excursions d'observation des cétacés géants rencontrant beaucoup de succès.
Au Groenland, territoire autonome danois, le militant Paul Watson est en détention provisoire depuis le 21 juillet dans l'attente de la décision du gouvernement danois sur la demande d'extradition du Japon liée à son combat pour les baleines.
Le Japon, qui a relancé une demande émise en 2012 via une notice rouge d'Interpol, l'accuse d'être co-responsable de dommages et blessures à bord d'un navire baleinier nippon deux ans plus tôt dans le cadre d'une campagne menée par Sea Shepherd.
H. Müller--BTZ