Procès Maëlys: Nordahl Lelandais entendu à son tour sur son parcours de vie
L'ancien militaire Nordahl Lelandais doit être longuement entendu mercredi sur son parcours de vie au troisième jour de son procès aux assises pour le meurtre de la petite Maëlys en 2017.
La journée a démarré avec un soupçon d'incertitude lorsqu'on a appris que l'accusé, arrivé tôt le matin au palais de justice, avait ressenti "quelques symptômes" du Covid-19 et avait procédé à un autotest puis à un test antigénique.
Tous deux se sont avérés négatifs, selon le palais de justice. L'audience a finalement repris sans anicroche avec environ une demi-heure de retard.
Comme la veille, la journée de mercredi est consacrée à l'examen de la personnalité et de l'itinéraire de l'ancien militaire de 38 ans, jugé depuis lundi pour le meurtre de la petite Maëlys De Araujo, huit ans. L'enfant avait disparu dans la nuit du 26 au 27 août 2017 lors d'une soirée de mariage à Pont-de-Beauvoisin (Isère).
La matinée a débuté par l'audition d'une ex-partenaire sexuelle qu'il fréquentait épisodiquement dans les mois précédant la mort de la fillette. Elle l'avait rencontré sur internet sous le faux nom de "Jordan" et ignorait sa vraie identité.
Pour elle, Lelandais était "mystérieux", "un bloc". "Il ne se dévoilait sur rien ni sur son travail ni sur sa vie personnelle", et leurs relations étaient avant tout "physiques", a-t-elle déclaré à la Cour.
Nordahl Lelandais lui-même devrait à son tour être interrogé dans l'après-midi.
- "Une seule chance" -
Tout au long de la journée de mardi, ses anciens amis et des ex-petites amies avaient raconté, souvent avec beaucoup d'émotion, l'"incompréhension" qu'ils avaient ressentie face aux actes reprochés à leur ancien copain "Nono".
Tous l'ont aussi poussé de leur mieux à s'expliquer sur les circonstances du décès de la fillette, qu'il a reconnu avoir tuée "involontairement".
"Il n'y a vraiment qu'une seule chance, il faut y aller maintenant", a lancé l'un d'eux. "Etre jugé en homme compris, c'est tout ce qui te reste", a-t-il insisté.
Une autre amie de l'époque s'est montrée encore plus virulente : "Nono, parle! Il t'est passé quoi dans la tête quand tu as fait monter la petite dans ta voiture ? Tu as eu une pulsion sexuelle, quelque chose ? Il y a forcément eu quelque chose", lui a-t-elle asséné, tournée vers son box.
L'accusé, debout de l'autre côté de la vitre, avait fondu en larmes et répété qu'il "(s'expliquerait) par la suite". "Bien sûr, je m'excuse auprès de mes amis", a-t-il encore lâché.
Après cet épisode, Me Fabien Rajon, avocat de la mère de la victime s'était déclaré "relativement pessimiste quant à sa capacité à nous dire ce qui s’est vraiment joué le soir de la disparition de Maëlys".
Me Laurent Boguet, avocat du père de la fillette, avait également regretté que l'accusé n'ait pas montré "la moindre amorce de volonté de parler".
Confondu en février 2018 par la découverte d'une tâche de sang dans le coffre de sa voiture, Lelandais a admis avoir tué "involontairement" la fillette, mais les circonstances du drame demeurent floues.
A l'ouverture des débats lundi matin, Nordahl Lelandais avait tenu à "présenter (ses) excuses" à la famille de la fillette et promis de "(s)'expliquer sur les faits au cours de l'audience". Des déclarations là encore accueillies avec beaucoup de scepticisme par la partie adverse.
L'accusé sera également jugé pour agressions sexuelles à l'encontre de deux petites-cousines âgées à l'époque de cinq et six ans, ainsi que pour détention et enregistrement d’images pédopornographique.
Déjà condamné à Chambéry en mai 2021 à 20 ans de réclusion pour le meurtre du jeune soldat Arthur Noyer, Nordahl Lelandais n'avait pas fait appel. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Verdict attendu autour du 18 février.
O. Petrow--BTZ